Printemps tardif

Âgée de 27 ans, Noriko vit toujours avec son père Shukichi, qu’elle refuse de quitter depuis le décès prématuré de sa mère. Même si une réelle harmonie règne entre eux, l’entourage de la jeune femme tente de la persuader qu’il est temps de se marier. Mais Noriko est attachée au quotidien avec son père et ne peut se résoudre à le laisser seul. Ce dernier va alors user d’un stratagème pour la forcer à changer d’avis... 

Destin inéluctable
Le sourire éclatant et frondeur de Noriko dans son refus altier de la vie maritale ; ses traits tirés et boursouflés par les pleurs lorsqu'elle se voit contrainte de rendre les armes et d’accepter un destin inéluctable... Entre les deux séquences, les conventions sociales ont pesé : une jeune femme doit se marier, en dépit de ses aspirations profondes à mener sa vie comme elle l’entend. L’amour inconditionnel de l’orpheline pour son père et leur existence fusionnelle bousculent les normes, générant ainsi toute une chaîne de réactions et d’incessantes pressions. Avec ce chef-d'œuvre, Yasujirô Ozu questionne le déclin de la tradition dans la famille japonaise d’après-guerre, dont la culture va peu à peu s’occidentaliser. Avec la maîtrise absolue d’un style en apparence minimal et contemplatif, mais d’une précision au cordeau, il laisse bouillonner, dans le cadre apaisant des intérieurs japonais, entre tatamis et cloisons de papier, des émotions souvent contenues qui ne demandent qu’à déborder. La dernière scène, annonçant la grande solitude qui va maintenant recouvrir la vie de Shukichi, s’avère ainsi bouleversante.