Conversation entre Damien Manivel et Remi Taffanel
Le réalisateur d'Un jeune poète et son acteur Rémi Taffanel évoquent leur rencontre, le départ du projet ainsi que1
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À peine sorti de l'adolescence, Rémi rêve de devenir poète et d'enchanter le monde avec des vers bouleversants et inoubliables.
À peine sorti de l'adolescence, Rémi rêve de devenir poète et d'enchanter le monde avec des vers bouleversants et inoubliables. À la recherche de l'inspiration dans la ville de Sète, sous un soleil accablant et avec pour seules armes un Bic et un carnet, Rémi est bien décidé à écrire son poème ... mais par où commencer ? Contempler longuement la mer ? Grimper au sommet d'une montagne ? Ecouter le chant des oiseaux ? Aller à la bibliothèque ? Trouver sa Muse ? Dans les bars ? Au cimetière ? Sous l'eau ? Et si tout ça ne fonctionne vraiment pas, alors boire, boire, boire encore jusqu'à ce que jaillisse l'étincelle.
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" "C’est vraiment un magnifique paysage", s’émeut un jeune homme au regard figé dans le vague, perché sur un rocher entre deux poulpes. Gran
" "C’est vraiment un magnifique paysage", s’émeut un jeune homme au regard figé dans le vague, perché sur un rocher entre deux poulpes. Grand échalas dégingandé en short de bain et claquettes, Rémi est résolu à composer des vers, mu par une consigne d’outre-tombe délivrée au cimetière marin de Sète (celui de Paul Valéry). Suivant les lignes imposées par ce programme studieux, il s’applique à ne faire qu’un avec la nature, prenant des poses d’esthète et ânonnant des rimes aviné. Insaisissable extase pour des œuvres de jeunesse naïves, balbutiées du bout des lèvres. Troublé par une jeune fille avenante rencontrée en ville, muse indifférente à son héroïsme pantois, il tente de la séduire en l’agrippant mécaniquement.
La succession de rites de passage qui vérifient l’hypothèse de la poésie comme performance (gravir une colline, s’enivrer…) sont autant de fausses notes auxquelles le chapitrage dissonant du récit d’Un jeune poète fait office de scansion.
Ce portrait pointilliste d’une dérobade estivale s’affirme aussi économe en moyens (le film a été autoproduit) qu’en paroles. Nulle désinvolture dans cette succession de plans fixes qui évoquent les vacances effarées de Marie Rivière dans Le Rayon vert de Rohmer ou les chassés-croisés portuaires de Hong Sang-soo, dont le cinéaste, Damien Manivel, loue "la légèreté de fabrication, l’abondance malgré le peu d’argent. J’aime l’idée d’un motif répété de film en film, comme chez Ozu". Fragile, sa figure d’idiot du village illuminé repose intégralement sur la candeur naturelle de son interprète, Rémi Taffanel (...). "
" (...) Le premier plan d’Un jeune poète est symptomatique de la démarche de Manivel : Rémi semble être poussé dans le cadre, y glisser malg
" (...) Le premier plan d’Un jeune poète est symptomatique de la démarche de Manivel : Rémi semble être poussé dans le cadre, y glisser malgré lui et tente de se rattraper aux éléments qui s’offrent à lui, tel ce poteau auquel il pourrait s’appuyer ou ces jeunes garçons à qui demander sa route. On ressent ainsi très vite que le film s’origine avant toute chose dans les lieux précis que Manivel a voulu filmer, au gré de son tournage, en y insérant, presque à son corps défendant, le plaisir burlesque émanant de la présence de Rémi (l’acteur ? le personnage ? Ici, plus qu’ailleurs, peu importe...). Il déambule ainsi, en plein été, dans la ville de Sète, avec pour seul costume son t-shirt bleu, son short et ses tongs, et pour seules armes, son stylo et son carnet. Il passe de tableaux en tableaux, des rues aux bars, des parvis d’église aux musées, et tombe parfois de Charybde en Scylla. En somme, il part à l’aventure. Sauf que ce qui compte ici, c’est moins la destination que le voyage pour y arriver.
De même, ce qui compte, c’est moins la poésie de Rémi que son rapport au monde, sa sensibilité singulière pour y cueillir des bribes d’inspirations. Que Rémi soit seul sur un banc devant la tombe de Paul Valéry, en terrasse avec une jeune fille, ou encore tout seul sur la plage, c’est bien à la découverte d’un territoire que part notre apprenti poète. Une Odyssée improbable à Sète (à défaut de Troie) faite de montées et de descentes (dans les parcs aussi bien qu’au comptoir), de surplace dans la terre et de traversées en bateau, de rencontres inattendues en déceptions illusoires de ses dragues éphémères... En somme, Les Jeux de l’amour et du hasard, version La Carte aux trésors.
Si la référence au fameux jeu télévisé de notre enfance peut paraître déplacée, il y a pourtant dans Un jeune poète la même excitation ludique de spectateur à voir un quidam un peu gauche parachuté dans une ville inconnue et devant impérativement dialoguer avec ses habitants s’il veut remporter la partie, soit ici trouver l’inspiration recherchée. Certes, Rémi n’a pas d’autre compétiteur que lui-même – et ça lui suffit déjà amplement, mais ce parachutage le fait paraître par ailleurs tel un étranger engoncé dans ses manières, un corps tout à fait autre, un alien qui ne parle littéralement pas la même langue que les personnes avec lesquelles il tente vainement de communiquer. D’où la sourde mélancolie qui éclot au cours de la projection, lorsque, médusé, on s’aperçoit que le film ne raconte sans doute rien d’autre qu’une solitude. Une solitude construite sur l’aspiration à la beauté, mais constamment rabattue par les médiocres vents du réel : Un jeune poète est aussi le constat joyeux d’un triste échec. (...) "
" (...) Il a les bras qui semblent toucher terre, l'allure dégingandée de quelqu'un d'un peu pompette et la parole précipitée. Un vrai corps
" (...) Il a les bras qui semblent toucher terre, l'allure dégingandée de quelqu'un d'un peu pompette et la parole précipitée. Un vrai corps burlesque, ce Rémi, jeune poète de 18 ans. Enfin, poète, il rêve plutôt de l'être en s'essayant à écrire des vers avec un Bic sur un petit carnet, sans vraiment trouver l'inspiration. Alors il se rend au cimetière de Sète, s'assoit devant la tombe de Paul Valéry et il lui parle, tout seul, face à la mer. Voilà, c'est risible, furtif, mais pas si frivole.
C'est comme une esquisse dessinant la quête maladroite d'un jeune homme plein d'espérance naïve, au seuil de l'âge adulte. Le garçon s'enivre de paroles emphatiques, d'alcool, mais peine à s'accorder avec le monde alentour, en l'occurrence une ville un peu morte, filmée comme un minithéâtre à ciel ouvert, écrasée par la chaleur, et où s'invite la peur. On pense un temps au cinéma de Guillaume Brac (Un monde sans femmes), le marivaudage en moins, le trait bref et le minimalisme silencieux en plus.
Escapade improvisée, tournée en douze jours, ce premier long métrage de Damien Manivel, qui vient de la danse, s'apparente plutôt à un ballet exotique, avec son héros en décalage perpétuel, partagé entre la béatitude et le rien. (...) "
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