NOTRE DAME

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Finalement, un film c'est toujours une question d'architecture, de construction. Valérie Donzelli l'a tellement intégré qu'elle en a fait la base de son cinquième long métrage ; Notre-Dame s'enroulant autour des aventures fantasques et des mésaventures amoureuses d'une architecte. 

L'actrice-réalisatrice ayant un esprit d'escalier, la voilà qui revient à la fantaisie de ses débuts derrière la caméra - La reine des pommes en 2009 - pour un comédie fofolle, reprenant les plans d'un cinéma de la Nouvelle Vague, volontairement affranchie, sortant des clous narratifs pour assembler chronique conjugale et portrait de femme débordée par son métier. 

Il est doublement question de flammes qui se raniment dans Notre-Dame, de la réapparition d'un amour de jeunesse à celle d'un cinéma épris de libertés, qu'elles soient de ton ou formelle. Elles brûlent joyeusement dans une fable sentimentale aussi moderne qu'azimutée, délurée que délirée au gré d'une folie douce mais surtout contagieuse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ART D'AIMER (Comme Notre-Dame, cette comédie d'Emmanuel Mouret modernise les principes du marivaudage) ou encore LE VENTRE DE L'ARCHITECTE (Un autre film mettant en scène les liens entre carrière et vie personnelle d'un architecte.).

Comédie facétieuse, Notre-Dame aurait pu être un drame. Son point de départ est un film qui ne s'est pas fait. Après l'accueil brutal et l'insuccès de Marguerite et Julien, son épique film d'époque, Valérie Donzelli se voit suggérer par ses producteurs d'exorciser la chose en embrayant rapidement sur un film renouant avec l'univers de La guerre est déclarée, dans une même veine autobiographique. Donzelli s'y attelle avec un scénario sur une réalisatrice en plein processus de travail. Elle ne l'achèvera pas, estimant qu'elle ne trouvait pas la bonne distance entre sa propre expérience de l'échec et la part de fiction nécéssaire pour se délester de ce mauvais souvenir.

Quitte à démêler une pelote personnelle, Donzelli la retricotera avec un projet de comédie autour d'un personnage proche de celui d'Adèle, la jeune femme de La reine des pommes, et ses hésitations amoureuses. Maud, l'architecte de Notre-Dame étant son prolongement, toujours aussi bohême, mais cette fois-ci avec un métier, des enfants, des ex et un concours de circonstances l'amenant à devoir plancher sur le renouveau du parvis du monument historique parisien. Tout en restant dans des parages personnels : Valérie Donzelli ayant suivi des études d'architecture avant de se lancer dans le cinéma.

Pour un film aimant les ruptures de ton, Notre-Dame sera servi en voyant sa narration imprévisible rattrapée par la réalité, avec l'incendie qui ravagea la cathédrale mondialement connue en avril 2019. Donzelli avait, heureusement pour elle, terminé les prises de vues de son film effectuées sur place et travaillait déjà au montage lors de l'accident. Les images de l'intérieur comme celle du parvis sont probablement le dernier témoignage restant de ces lieux avant le sinistre. Etonnamment, Notre-Dame ne sera pas dépassé par ces évènements, y trouvant plutôt une résonance lorsque la guerre de clochers entre partisans de la rebâtir à l'identique et ceux de moderniser le sanctuaire trouve un écho dans le parcours chaotique du projet architectural proposé par Maud dans le film.

Valérie Donzelli est Maud Crayon. Comme elle, pendant que son personnage est à la fois mère, architecte, amante encore attachée à un ex indétachable et amoureuse d’un autre ex encore amoureux, elle court beaucoup, est à la fois actrice, réalisatrice et co-scénariste ...

"Notre Dame" se passe clairement dans un monde parallèle au nôtre : le climat est complètement déréglé, puisqu'il fait chaud à Noël, mais de soudaines bourrasques de neige sont à redouter, les pics de pollution sont de plus en plus élevés et nombreux, et l'agressivité ...

On peine à imaginer quelle fut la réaction de Valérie Donzelli à l’actualité tragique du monument, alors qu’elle achevait son film, dans lequel la dame éponyme se porte à merveille. L’exposition de ce film singulier y gagne encore en contraste, dans une sorte de réalité ...