MUSTANG

en VOD

C’est le début de l’été. Dans un village reculé de la Turquie d’aujourd’hui, cinq sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. De ce fait, la maison familiale se transforme peu à peu en prison, les cours de pratique ménagère remplacent les études scolaires et les mariages arrangés se préparent. Mais, les cinq jeunes filles organisent à leur manière des formes de résistance à cette oppression patriarcale…

Ce sont deux jeunes femmes, toutes deux issues de la Femis, l’école de cinéma, qui ont imaginé ce récit d’émancipation pour leur entrée dans l’univers du long métrage : la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven et sa coscénariste française Alice Winocour. Sur la base de souvenirs d’enfance de la cinéaste, elles ont bâti un scénario qui raconte ce que c’est que d’être une jeune fille, une femme dans la Turquie contemporaine, un pays où la condition féminine est plus que jamais au centre du débat public.

Mais alors pourquoi ce titre à la sonorité clairement anglo-saxonne, Mustang ? Selon la réalisatrice, le mustang est un cheval sauvage qui symbolise parfaitement ses héroïnes et leur tempérament indomptable et fougueux. Et d’ajouter que visuellement leurs chevelures ressemblent à des crinières. C’est, dit-elle enfin, cette énergie qui est au cœur du film à l’image de ce mustang qui lui a donné son nom.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CRIA CUERVOS (Autre temps, autre époque, autre pays, mais les jeunes filles de Carlos Saura sont les lointaines ancêtres des héroïnes de Mustang) ou encore LE POIRIER SAUVAGE (Le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan s'attache lui aussi à décrire des réalités sociales très contrastées).

Cinéphile revendiquée, Deniz Gamze Ergüven affiche ses influences qui ne sont pas à rechercher auprès de Sofia Coppola, comme certains le pensaient de prime abord, mais plutôt du Pasolini de Salo ou les 120 Journées de Sodome en raison de la distance prise par le cinéaste italien pour évoquer à travers un conte sordide une société en prise avec le fascisme. D’autres films comme Un condamné à mort s’est échappé, Le Prisonnier d’Alcatraz ou bien encore L’Enfant des frères Dardenne sont également évoqués par la cinéaste.

La Turquie que montre Deniz Gamze Ergüven est bien éloignée de celle des dépliants touristiques malgré la présence des plages et de la mer. L’action du film se situe dans le village reculé d’Inébolu à 600 kilomètres au nord d’Istanbul, sur la côte de la Mer Noire. Il s’en dégage indubitablement un sentiment de grand isolement et d’oppression voulus par la cinéaste laquelle affirme qu’on a vraiment l’impression d’y vivre sous cloche. C’est la première fois d’ailleurs qu’un film y était tourné.

Pour illustrer musicalement son film, Deniz Gamze Ergüven a fait appel à un musicien australien, Warren Ellis, membre du groupe de Nick Cave. Quand il joue du violon, explique la cinéaste, on a l’impression d’entendre une voix qui raconte une histoire. On sent également dans ce choix la volonté d’établir un pont, un carrefour entre deux cultures, deux pays fort éloignés l’un de l’autre a priori, la Turquie et l’Australie donc. Et de fait les paysages de la Mer noire trouvent une mélodie idéale dans la partition imaginée par Warren Ellis.

Dans la Turquie profonde, cinq soeurs respirant la joie de vivre malgré la mort de leurs parents sont élevées dans la tradition par leur oncle et leur grand-mère. Un soir, en sortant de l'école, après avoir dit adieu à leur professeur, elles vont se promener au bord de ...

Il fait une chaleur à crever dans un petit village turc au bord de la Mer Noire. Sonay, Selma, Ece, Nur et Lale, cinq sœurs, se jettent dans les vagues avec fougue. Elles jouent et rient, juchées sur les épaules des garçons. Scandale ! Leur grand-mère et leur oncle, musulmans ...

La procession solaire et insolente de jeunesse qui ouvre Mustang déploie un programme à double détente : à la beauté et la fougue de la jeunesse répondra la lecture du carcan traditionnel : les corps libres ou l’obscénité, les jeux ou la promiscuité proscrite. Tout ...