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Angleterre, 1865. Prisonnière d'un mariage sans amour, Katherine mène une vie malheureuse, jusqu'au jour où elle tombe amoureuse d'un jeune palefrenier ...
Angleterre, 1865. Mariée à un Lord beaucoup plus âgé qu'elle n'aime pas, Katherine mène une existence malheureuse. Vivant comme une prisonnière dans leur grande demeure, elle voit très peu son mari, souvent absent. Elle va cependant s'extraire de cette vie là en tombant amoureuse d'un jeune palefrenier. Le mari va finir par découvrir la liaison passionnée et interdite de Katherine. Elle va alors tout faire pour préserver cet amour, quitte à employer des méthodes excessives et cruelles.
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C’est un grand film antipathique. Adapté librement du roman "Lady Macbeth du district de Mtsensk", de Nikolaï L
C’est un grand film antipathique. Adapté librement du roman "Lady Macbeth du district de Mtsensk", de Nikolaï Leskov, il en déplace l’action de la Russie à l’Angleterre victorienne. Mal mariée à un aristocrate, Katherine s’ennuie. Elle subit les assauts sexuels de son époux, hait son beau-père, qui la traite comme une moins que rien, et fricote avec le palefrenier. L’atmosphère est asphyxiante, le ton, sarcastique, et la mise en scène, au cordeau.
Avec ce huis clos faussement corseté et d’une cruauté ravageuse sur les rapports de classe et la violence du patriarcat, William Oldroyd impose un style qui évoque Henry James et Michael Haneke, et une actrice, Florence Pugh, étonnante en Bovary trash. Son visage imperturbable et sa beauté gironde masquent la folie grandissante de l’ingénue, qui, pour survivre au sort que lui réservent les hommes, devient plus perverse qu’eux.
Ici, point besoin de grandiloquence pour raviver l’esprit de Macbeth sur le grand écran. Avec un micro budget (500,000£)
Ici, point besoin de grandiloquence pour raviver l’esprit de Macbeth sur le grand écran. Avec un micro budget (500,000£), The Young Lady fait un macro effet, plus en tout cas que la récente version avec Mario Cotillard et Michael Fassbender, boursouflée et ronflante. Certes, ici il ne s’agit point d’une nouvelle adaptation de l’œuvre de Shakespeare, mais plutôt d’une adaptation de Lady Macbeth du district de Mtsensk (Nikolaï Leskov, 1865), une variation très lointaine de l’œuvre de l’artiste élisabéthain, sans monarque ni royaume à conquérir, mais dans laquelle souffle une brise shakespearienne glaçante, dans la sollicitation des ressorts des tragédies du dramaturge. Le titre original du film n’est-il pas… Lady Macbeth ? Pour son premier long, William Oldroy, metteur en scène de théâtre, choisit donc un décor victorien pour disséquer les frustrations de l’épouse du XIXe siècle anglais. Comme chez Hardy dans The Mayor of Casterbridge, devenu en salle The Claim - Rédemption, de Winterbottom), la jeune femme, vendue par sa famille, devient un corps à troquer, que va s’arracher une phallocratie sur le déclin, en danger, et par conséquent d’autant plus odieuse. Dans le film, les luttes de pouvoir autour des femmes sont indépendantes du milieu social. De la bourgeoisie locale aux palefreniers, la femme est traitée comme esclave du père, au beau-père, en passant par le fils, et devient même « truie » de jeu pour la main-d’œuvre masculine du domaine. Les dialogues à ce sujet font par moment froid dans le dos.
Aussi, The Young Lady démarre avec un exercice de destruction, celui de la jeune nubile. Contrainte au mariage, amenée à dépérir dans un environnement patriarcal où, pour marquer sa domination, l’homme n’a, dans un premier temps, aucun visage, le cinéaste préférant se focaliser sur les émotions qu’exprime le visage de la femme-enfant. Ses traits laissent poindre l’étonnement, la déception, la peur, la lassitude, l’étouffement, chez cette adolescente qui va devoir grandir très vite, et perdre son innocence dans d’effroyables situations. Elle vit le quotidien dans l’attente, le silence, la frustration, et doit surmonter les moments déshonorants du partage de sa couche avec son ennemi. Dans cette existence de souffrance psychologique, l’aliénation ronge : une fraîcheur qui se ternit, dans l’ombre d’une existence vécue pour rien. La douleur est physique, le corset à serrer au-delà du raisonnable pour le décorum domestique devient le symbole du joug de l’homme sur sa propriété. La jeune Katherine, avide de vie, s’atrophie dans le peu d’éclat d’une existence sans passion. Jusqu’au jour où la tentation de l’adultère la pousse à prendre son destin en main. Les desseins seront meurtriers. La vengeance sera assénée de façon froide, cruelle, alors que le personnage de Katherine, qui s’empâte avec le bonheur d’aimer enfin, jette son dévolu sur un bourrin sans statut, dont la rugosité de condition comblera ses fantasmes de femme à secouer. Devenue manipulatrice, The Young Lady prend son destin en main et se soustrait à la domination de l’homme, transformant habilement son bel amant en objet sexuel à dévorer crûment.
Avec une rigueur de cadrage qui relève de l’ascétisme, William Oldroyd parvient en 1h30 à rendre l’évolution psychologique vraisemblable, même si certains rebondissements macabres, très littéraires, desservent à la longue une narration qui n’avait pas besoin d’autant de noirceur pour être pertinente. Cette vision pervertie de l’univers romanesque de Jane Austen se rapproche souvent du sous-texte de Tess d’Urbeville, encore un autre roman de Hardy mis en scène par Polanski. Dans son utilisation scrupuleuse des décors, son approche picturale du roman et la composition bluffante de Florence Pugh, magistrale apprenti Macbeth, The Young Lady est une œuvre passionnante qui se déguste sans modération.
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