Disparition du critique Jacques Siclier
Il a longtemps été une signature incontournable de la critique française, rédigeant ses notes pour Télérama ou Le1
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Fantasmes au château. L'auteur des célèbres "Contes immoraux" revisite " La Belle et la Bête ". Humour grotesque, sexe scabreux et esthétisme provocateur.
Pour sauver sa fortune, le marquis Pierre de l'Espérance décide de marier son étrange fils à la fille d'un riche américain. Dès sa première nuit au château la belle fantasme : elle croit voir une aïeule de son fiancé poursuivie par une bête monstrueuse au sexe gigantesque. Ses fantasmes deviennent obsédants... L'auteur des célèbres "Contes immoraux" revisite " La Belle et la Bête ". Humour grotesque, sexe scabreux et esthétisme provocateur.
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" (...) Walerian Borowczyk et ses remarquables interprètes - Sirpa Lane et ses fesses exquises, Lisbeth Hummel et sa bouche pou
" (...) Walerian Borowczyk et ses remarquables interprètes - Sirpa Lane et ses fesses exquises, Lisbeth Hummel et sa bouche pour mordre et pour baiser, Pierre Benedetti plus laid que nature, Guy Tréjan antipathique comme un fils de famille. Roland Armontel papelard comme un pape et l’admirablement pervers Dalio - vous interdisent une fois pour toutes d’être réaliste, et cela dès les premières images (...). La lourdeur vous gagne le fond du ventre lorsque s’impose à nous le fait que chaque personnage est double, "lui-même", à sa place dans le scénario social et son imaginaire : ce que veut trancher le duc c’est moins la gorge du baron que la malédiction qui traîne sur sa famille ; ce que grogne son fils idiot, ce qu’il désigne de son bras plâtré, c’est l’animalité comme réussite et comme seule grandeur ; ce que poursuit le baron, dans sa voiture de paralytique, c’est l’accomplissement du destin ; ce que réclame goulûment la jeune héritière, c’est la défloration, le sexe qui l’écartèlera et l’emplira de semence...
L’aventure nocturne de Lucy Broadhurst accomplit ce dédoublement, ce recouvrement du réel par l’imaginaire, du conscient par l'inconscient, des volontés misérables par les forces écumantes du désir. Dans sa fureur à jouir, elle révèle le secret qui pesait sur ces allées et venues, ces coups de téléphone manqués, ces agitations mystérieuses, ces visages inquiétants ou angoissés. Le château a été le lieu d'une extase mortelle et, depuis lors, il baigne dans le parfum d’une sensualité inhumaine : après les Contes immoraux, voici le conte moral. La comtesse qui régnait sur ces terres, il y a deux siècles, a connu la Bête : elle a d'abord tremblé devant elle, elle a fui à en perdre l’haleine, à s’en déchirer la chair aux ronces et aux rochers de la forêt. Lorsque le monstre l’a rattrapée, lorsqu’il a posé sur elle ses pattes velues, lorsqu’elle a vu ses yeux affolés par la concupiscence et son sexe noir, dressé, vomissant des torrents de sperme, alors elle a su qu’elle était enfin en présence de ce qu’elle avait toujours espéré. Elle s'est donnée puis elle a pris, elle a exaspéré la Bête et fait couler d’autres flots de passion... jusqu'à ce que la Bête en meurt. Et en souvenir de son ivresse, la jeune fille a écrit sur son herbier : « Je l’ai rencontré et combattu. »
Pornographie ? Walerian Borowczyk préfère "Erotisme". Et moi, naïf, je dis : "Fantastique", le vrai fantastique, celui qui n’oublie pas que la dimension fondamentale de l’imaginaire est la jouissance et son constant appel. Et quelle beauté dans cette vérité ! "
" Au départ, il y avait un bref "conte immoral" dont, nous avons été privés l'an dernier et
" Au départ, il y avait un bref "conte immoral" dont, nous avons été privés l'an dernier et qui risquait de rester dans les tiroirs de son auteur. Ce conte, Walerian Borowczyk a décidé d'en faire le pivot d'un film de long métrage en l'intégrant à une construction dramatique cohérente et solidement charpentée et dont la facture n'est pas sans rappeler le mélodrame buñuélien.
A l'exemple de Buñuel, Borowczyk s'attache à la description minutieuse d'un décor où il veut que nous nous promenions en toute quiétude, comme des familiers de l'endroit, à la seule fin de donner plus de force à l'explosion onirique, au scandale érotique qu'il prépare. D'emblée, nous reconnaissons la chambre bourgeoise de L'Age d'or où vient s'installer paisiblement une monstrueuse vache ruminante, l'appartement de l'Ange exterminateur où vont se déchaîner les mesquineries humaines, celle de Belle de jour où le théâtre des phantasmes sexuels va se jouer, transformant les objets les plus banals en objets rituels, nécessaires à la célébration d'un culte dont nous ne sommes pas invités à pénétrer tous les mystères. Mais à la différence de l'auteur de l'Age d'or, Borowczyk est un esthète dont la sensualité se plaît à la contemplation amoureuse des beaux objets du passé qu'il cadre avec un soin jaloux, une obstination de collectionneur inquiet de ne jamais parvenir à posséder physiquement les pièces rares que l'argent ne lui livre pas et dont la beauté lui est un défi perpétuel.
On connaît le vieux Boro des films d'animation qui rafflaient les prix d'excellence dans les festivals de courts métrages, on connaît son goût des compositions rigoureuses, des tableaux où les êtres et les choses sont tenus prisonniers, examinés à la loupe, interminablement caressés du regard. La Bête lui fournit l'occasion de donner libre cours à ces goûts quasi maniaques et, cette fois, il ne nous viendrait pas à l'idée de lui reprocher une trop grande complaisance esthétique. La Bête est un beau film, infiniment plus maîtrisé que les Contes immoraux, en dépit d'un scénario trop volontairement "gothique" dont la machinerie narrative pêche, en fin de compte, par excès de simplicité.
Il est fascinant de voir comment Borowczyk prépare l'intrusion monstrueuse du mythe éternel de l'union charnelle de l'homme à l'animal dans son drame aristocratique digne du théâtre "à thèse" du début du siècle. Fascinant de voir s'élaborer sous nos yeux cette composition faite de sang et de sperme, de feuilles séchées, de cuirs velus, de peaux soyeuses, où la fougue des étalons et l'affolement amoureux d'une jeune fille émue d'être caressée, et finalement déflorée par une rose s'unissent pour créer le premier poème érotique du cinéma où les raisonnements spécieux de ceux qui prétendent définir clairement les limites qui séparent la pornographie de l'érotisme n'ont plus de raison de s'exercer.
Il est clair que La Bête ne répugnera vraiment qu'aux esprits insensibles, ou vulgaires. On pourra en vouloir à Borowczyk d'être parfois trop simple, voire simpliste. On pourra regretter qu'il n'ait pas le génie d'un romancier, qu'il se contente d'une affabulation trop lourde, presque guignolesque, l'accuser de ne pas ménager d'assez subtiles transitions entre le rêvé et le vécu. On dira que ses références picturales sont pesantes, ou naïves, mais puisque celles-ci ne nous renvoient pas uniquement à Füssli et aux romantiques hystériques, puisque c'est à l'Uccello des batailles que font songer ses combats amoureux et que ses tragédies d'antichambre et de cuisine sont éclairées par une lumière qui éveille le souvenir de la "Profanation de l'hostie", il sera impossible de passer outre et de jeter son film dans la corbeille où s'entassent les avortons de la pornographie libérée. "
"Il y a un peu plus d’un an, au moment où commençait à déferler la vague érotico-pornographiq
"Il y a un peu plus d’un an, au moment où commençait à déferler la vague érotico-pornographique qui allait balayer tout un secteur du cinéma commercial, le producteur Anatole Dauman décidait, selon sa propre expression, de "provoquer une crise" en donnant à l'érotisme cinématographique un caractère artistique analogue à celui d'une certaine littérature, d'une certaine peinture libératrice.
(...) L’homme qui fut le producteur d’Alain Resnais pour Nuit et Brouillard, Hiroshima mon amour et Muriel, l'homme qui croit toujours au cinéma d'auteur, avait suffisamment reconnu en "Boro" un créateur d'univers pour que, de leur association, en 1974, naisse un cinéma érotique français capable de s’opposer à la pseudo-sociologie du cinéma porno, en replaçant la sexualité, cette pulsion vitale, dans la double perspective de la nature humaine et du fantasme. La Bête, nouvelle production Dauman réalisée par Borowczyk, le confirme aujourd’hui.
(...) Les premières images du film sont suffisamment fortes pour qu’on ne les oublie jamais, tout au long de l’histoire racontée par Borowczyk. Elles sont les seuls moments d’un ordre et d’une harmonie qui vont être dérangés par les intrigues du marquis et par l'intrusion de deux femmes étrangères au château.(...) De l’accouplement des chevaux noirs au bras plâtré de Mathurin et à l'effroi de Rammondello, Borowczyk tisse déjà les signes d’un secret de famille. La bizarrerie des comportements, dans la préparation du mariage peut mettre sur la piste ceux qui ont lu Lokis de Mérimée. Mais Borowczyk n’adapte pas Mérimée, quoique cette référence littéraire ait son importance. (...)
En revoyant (...) Blanche, cet admirable conte médieval de Borowczk, on s'aperçoit que La Bête est construite sur le même schéma, mais inversé. Dans Blanche, c'était le désir des hommes -le roi et le page- qui venait détruire l'ordre établi chez lui par un vieux châtelain et s'acharner contre l'innocence de sa jeune femme. Dans La Bête, ce sont les femmes qui mettent au jour le secret, détruisant l'ordre et l'innocence et s'approprient la mort.
Ici, Borowczyk élargit son style pictural. Le sommeil de Lucy engendre Romilda et le monstre mais ils ont existé. Dans le parc de ce même château, la bête mi-ours, mi-loup, a pris Romilda, qui en a eu peur, puis en a eu raison. Réalisée d'abord pour faire partie des Contes immoraux, cette rencontre de Romilda et du monstre concrétise la vie sexuelle de King Kong, qui ne pouvait, dans les années 30 qu'être suggérée par le fantastique et la terreur.
(...) Ce monstre que Borowczyk a imaginé et construit, qui est pourvu d’un sexe aux performances intarisisables, s’humanise. Un seul plan de son œil dilaté d’amour et comme foudroyé par l’attrait du corps nu de Romilda nous en dit plus, sans doute, que ses exploits sexuels, dont les images insistantes sont vite insoutenables. Faut-il en arriver là, même au nom d’un fantasme ? Est-ce vraiment ainsi que "certains" hommes imaginent la sexualité féminine ? En tout cas, la fin du film donne, par instants, envie de vomir.
Sans doute l’érotisme se dépasse-t-il, ici par sa démesure même. Il vient des profondeurs de l’être. Le tabou qui est brisé, c'est celui de l’union charnelle honteuse, diabolique entre la belle et la bête. Il n'est pourtant brisé qu'en rêve et l'on verra comment Lucy cause la perte de Mathurin et par quelle "moralité" Borowczyk conclut ce surprenant film rouge et noir.
Borowczyk est un artiste qui construit par sa mise en scène, tout un cérémonial de beauté, d’étrangeté, d’horreur, de folie, de sang et de mort. "
" Walerian Borowczyk signe une adaptation fantastique et déjantée de La Belle et la Bête. Le réalisateur des
" Walerian Borowczyk signe une adaptation fantastique et déjantée de La Belle et la Bête. Le réalisateur des cultes Contes immoraux, film à sketches délirant autour du sexe et de la notion de plaisir (réciproque), ose filmer crûment des scènes de sexe interminables (...) audace absolue du projet (...). "
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