Control

"Le 18 mai 1980, Ian Curtis, le chanteur de Joy Division, se pendait, à l'âge de 23 ans. Un film retraçant cette trajectoire brisée ne peut être un "biopic" ordinaire. Dans biographie, il y a "vie", mais Curtis a choisi la mort. A cette époque, Anton Corbijn, qui signe ici son premier long métrage de fiction, venait d'arriver de Hollande en Angleterre pour y photographier l'onde de choc punk, vieille de trois ans. Plus d'un quart de siècle après, Corbijn fait resurgir cet instant décisif sans céder à l'illusion de la résurrection : les figures que l'on voit à l'écran sont à la fois proches (de nous, de leurs modèles) et hors d'atteinte - des fantômes. Anton Corbijn a tourné son film en noir et blanc et en images numériques. Control passe du lyrisme enfiévré qui caractérisait le travail du photographe à la précision documentaire. C'est souvent un compliment empoisonné que de souligner la qualité du travail de reconstitution historique, mais, ici, Corbijn procède de façon si originale, utilisant les détails, qu'on suffoque dans le désespoir britannique du début des années Thatcher. (...)"

"Corbijn, dans un noir et blanc judicieux, refuse le spectaculaire. Evitant toujours les impasses psychologiques, le cinéaste rend compte sensoriellement du trouble dépressif qui ronge de l'intérieur son pâle héros. Mis en scène à la hauteur d'homme, Control n'est pas un biopic rock de plus, mais un drame minimal et ouaté, pudique et déchirant, qui témoigne de l'inspiration très singulière de son auteur."