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Daniel Mantovani est lauréat du Prix Nobel de littérature. Il reçoit une invitation de sa ville natale qui souhaite le faire citoyen d'honneur.
Daniel Mantovani est lauréat du Prix Nobel de littérature, il se rend dans sa ville natale qui souhaite le faire citoyen d'honneur. A ce jour, il n'avait pourtant jamais accepté les multiples sollicitations dont il faisait l’objet. A tort ou à raison, il revient à Salas, ses habitants ayant été à leur insu, une profonde source d'inspiration pour les personnages de ses romans... Doublement récompensé, par les Goya (Meilleur film étranger en langue espagnole) et par la Mostra de Venise (Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour Oscar Martinez) en 2017, cette fiction en est réellement une, puisqu'à ce jour aucun auteur argentin n'a été récompensé par ce Prix Nobel... même pas le renommé José Luis Borges. Une savoureuse comédie noire.
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La ville de Salas n’existe pas. Pourtant, on nous montre son emplacement exact sur une carte de l’Argentine, littéraleme
La ville de Salas n’existe pas. Pourtant, on nous montre son emplacement exact sur une carte de l’Argentine, littéralement perdue dans la pampa à plusieurs centaines de kilomètres de Buenos Aires. De même, Daniel Mantovani est un personnage inventé qui, en introït de Citoyen d’honneur, reçoit le prix Nobel de littérature et, de passage à Stockholm afin d’y recevoir la récompense, explique à un auditoire compassé les raisons pour lesquelles il se sent autant fier qu’embarrassé par une telle distinction.
En réalité, à ce jour, jamais un auteur argentin ne s’est vu décerner l’illustre prix. Mais, tel qu’interprété par Oscar Martinez - pour le coup réellement primé à la Mostra de Venise - là où, dans une production américaine, on aurait très bien vu un Bill Murray s’y coller, Mantovani offre un profil parfaitement crédible d’écrivain revenu de presque tout. A l’évidence conscient de son talent, mais guère enclin à le faire fructifier en mondanités et autres conférences lucratives, il préfère continuer à vivre en retrait en Espagne, où il réside depuis plus de trente ans ; jusqu’à ce qu’une invitation différente des autres ne réveille en lui cette curiosité qui paraissait éteinte : Salas, la localité d’où il est originaire et qui a alimenté toute son inspiration, aimerait fêter son retour au pays, qu’il a quitté depuis si longtemps.
Circonspect mais intrigué, l’écrivain accepte ainsi de refaire le chemin à l’envers, sur les traces d’un passé qui le rattrape à chaque coin de rue. Nul n’étant, comme on le sait, prophète en son pays, Citoyen d’honneur fonctionne alors sous la forme d’une virée pince-sans-rire, fondée sur le fossé qui s’est creusé avec une ancienne petite amie mariée à un beauf, comme avec bon nombre d’ex-concitoyens chez qui la déférence, voire l’admiration pour celui qu’ils viennent observer comme une bête de foire, peut aussi virer à la jalousie ou à la rancœur.
Interview désarmante pour la télé locale, inauguration d’un buste à son effigie, arbitrage d’un concours de peintres du dimanche : le héros fait front, imperturbable, ce qui n’empêche pas le vent de commencer à tourner, déplaçant le curseur caustique - qui, au passage, n’épargne pas l’érudit rudoyé - à la lisière d’une atmosphère tendue ouvrant sur l’ultime pirouette d’un scénario finaud. Depuis le début des années 90, bras dessus bras dessous, les réalisateurs Mariano Cohn et Gastón Duprat alternent docus et fictions au cinéma comme à la télévision. Jusqu’à présent confidentielle à l’export, leur collaboration bénéficie enfin d’un écho à la hauteur d’une inspiration singulière.
La gloire l'aurait-elle coupé du monde ? Romancier, Daniel Mantovani vit seul dans une immense villa bunkerisée, non loin
La gloire l'aurait-elle coupé du monde ? Romancier, Daniel Mantovani vit seul dans une immense villa bunkerisée, non loin d'une grande ville d'Espagne. Devenu riche, il a reçu tous les honneurs, dont le prix Nobel de littérature. Une cérémonie au cours de laquelle il a jeté un froid, avouant être à la fois flatté et consterné, cette récompense prouvant qu'il était devenu un écrivain aimable et académique. Volontiers sardonique, l'homme est maintenant cocooné par une collaboratrice qui organise son agenda. Parmi les multiples sollicitations venues du monde entier, l'une des rares qu'il accepte d'honorer vient de Salas. Une bourgade d'Argentine, où il a grandi, sur laquelle il a écrit, mais où il n'est jamais revenu depuis quarante ans...
Dès l'aéroport de Buenos Aires, le décalage joue à plein. En guise de comité d'accueil, Mantovani a droit à un plouc lourdaud, fruste ou débile, on ne sait trop, qui l'embarque dans une vieille bagnole pourrie pour un long voyage, ponctué par une crevaison qui les oblige à passer la nuit en rase campagne. Avant-goût grotesque de ce qui l'attend. Une fois sur place, le maire, très fier de sa venue, insiste pour qu'il parade dans les rues sur un camion de... pompiers ! Un peu gêné, Mantovani objecte qu'il n'est pas « une star du foot », mais bon, qu'à cela ne tienne... Au début, les gens sont chaleureux mais tout se gâte peu à peu. Très loin du voyage doux, peut-être nostalgique, annoncé, le séjour vire au cauchemar...
Sur fond de différences culturelles, de rancoeur sociale et sentimentale, la réussite de cette satire, cruelle mais tendre, tient au mélange de générosité et de lâcheté du héros. Pas sympathique, vaniteux mais aussi fatigué de l'être, il s'expose à la fragilité de sa condition. Que poursuit-on, que fuit-on quand on est romancier ? Pour qui écrit-on ? A partir de quand la reconnaissance devient compromission ? Autant de questions qui, visiblement, obsèdent le duo de réalisateurs argentins qui avait déjà oeuvré sur l'art et l'imposture, avec L'Artiste (2011). Retrouvant des accents de la grande comédie italienne de jadis, Citoyen d'honneur bénéficie du talent d'Oscar Martínez (sacré meilleur comédien au Festival de Venise 2016), déjà remarqué dans Les Nouveaux Sauvages. Sauvage, ce film l'est aussi. Point de goudron et de plumes comme au Far West, mais pas loin. Le titre aurait pu être « Règlement de comptes à OK Salas ».
Quarante ans que Daniel Mantovani n’a pas mis les pieds à Salas, sa ville natale, où il a situé l’action d
Quarante ans que Daniel Mantovani n’a pas mis les pieds à Salas, sa ville natale, où il a situé l’action de ses livres. Installé en Espagne, ce lauréat du prix Nobel de littérature accepte d’y revenir pour être fait citoyen d’honneur.
Conduit par un abruti dont la voiture tombe en rade au milieu de nulle part, il retrouve un camarade d’école, genre fier-à-bras, ayant épousé Irene, que Mantovani avait laissée derrière lui à son départ de Salas. L’écrivain passe d’un concours de peinture dont les dés sont pipés aux entreprises d’un admirateur inquiétant en passant par les bras d’une groupie saute-au-paf.
C’est toujours drôle, souvent irrésistible, parfois à la frontière du cauchemar éveillé. C’est aussi plus compliqué que ça, et le doute que le film instille fait le prix de "Citoyen d’honneur". Une révélation délectable, avec un art du contre-pied hautement réjouissant. A découvrir sans attendre.
Imaginez Michel Houellebecq revenant à Meaux ou Christine Angot à Châteauroux et vous aurez une idée du pitch de
Imaginez Michel Houellebecq revenant à Meaux ou Christine Angot à Châteauroux et vous aurez une idée du pitch de Citoyen d’honneur, vaguement inspiré de la parabole du retour du fils prodigue. Prix Nobel de littérature, riche et célèbre, comblé et blasé, vivant à Barcelone, Daniel Mantovani (excellent Oscar Martínez) reçoit un courrier du maire de sa petite ville natale, en Argentine : on réclame sa présence pour lui rendre hommage et le faire citoyen d’honneur. D’abord réticent, il finit par accepter le voyage vers ce lieu de ses origines dans lequel il n’a plus mis les pieds depuis trente ans.
Mais pourquoi tant de résistance à accepter un hommage de la communauté où il a grandi ? Usure des honneurs ? Cadavres dans le placard ? Peur de revoir ceux qui sont devenus des personnages de ses romans ? Sans doute un mélange de tout cela, ce que montrent patiemment Mariano Cohn et Gastón Duprat, avec un humour à la fois subtil et cinglant.
Ennui des cérémonies officielles provinciales, questions banales du public auxquelles l’écrivain a probablement déjà répondu cinquante mille fois, admirateurs collants, anciennes amours, admiratrices provocantes, copains d’enfance avec qui on ne partage plus grand-chose, le film déroule une à une toutes les étapes que doit se colleter Mantovani. Fastidieuses pour lui, elles sont savoureuses pour le spectateur.
Pourtant, nulle condescendance d’urbains arrogants vis-à-vis d’humbles provinciaux de la part des auteurs : les habitants du bourg sont regardés avec empathie et l’écrivain est portraituré comme un individu amer et misanthrope, n’assumant pas d’être confronté à ceux qu’il a utilisés dans ses romans.
Entre cet “homme d’élite” et ces “gens du peuple” (pour reprendre une terminologie et une dichotomie en vogue), Cohn et Duprat montrent les dérives possibles de chaque classe sociale si on y reste confiné. L’écrivain célèbre devient un être n’ayant plus de curiosité ni de goût pour rien, alors que certains des villageois peuvent transformer leur complexe social et leur aigreur en haine féroce.
Commencé comme une comédie acide, Citoyen d’honneur vire à la fable kafkaïenne de plus en plus sombre, mettant le doigt sur une des plaies les plus vives de nos sociétés contemporaines (le ressentiment de classe) et appuyant bien fort pour conjurer le mal, transformant le rire en rictus inquiet.
Était-ce une si bonne idée ? Daniel Mantovani, romancier argentin, réfugié en Europe depuis plusieurs dé
Était-ce une si bonne idée ? Daniel Mantovani, romancier argentin, réfugié en Europe depuis plusieurs décennies, vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Dans son discours de réception, acerbe, intransigeant, il s’est plaint que cette distinction prestigieuse signait la fin de son activité créatrice.
Cinq ans plus tard, il n’arrive plus à écrire. Sollicité dans le monde entier, il s’est résolu à ne plus rien accepter et tourne en rond dans sa superbe maison sur les hauteurs de Barcelone. Une invitation inattendue venue de son village natal qu’il a fui mais dont le souvenir demeure la source principale de toute son œuvre, le fait fléchir. Les habitants veulent rendre solennellement hommage au glorieux fils du pays. Pourquoi, quarante ans après, ne pas s’y rendre ?
Était-ce vraiment une si bonne idée ? Dès l’atterrissage à Buenos Aires, on lui a dépêché un chauffeur ignorant, au volant d’une vieille guimbarde qui ne tiendra pas la distance. L’accueil qu’on lui réserve n’est pas celui qu’il avait imaginé. Défilé au sommet du camion de pompiers, remise de la médaille de citoyen d’honneur par la reine de beauté locale, discours maladroits du maire, émission amidonnée à la radio locale, conférences étranges devant des assemblées clairsemées dont il serait bien en peine de deviner qui a jamais ouvert un de ses livres.
On le suit dans la rue, on le filme avec des téléphones portables, on vient le taper pour qu’il finance l’achat d’un fauteuil roulant, pour qu’il vienne manger dans des familles qui croient s’être reconnues dans certains de ses personnages. Notre grand auteur est submergé d’impressions étouffantes. Passés les premiers instants de connivence forcée, sa raideur et ses déclarations abruptes ajoutent à l’incompréhension générale. Une jeune groupie se glisse dans son lit. Pour corser le tout, Mantovani retrouve son amour de jeunesse, mal mariée, qui a toujours le béguin pour lui et bovaryse. Le mari, brutal, envahissant, prend ombrage de son retour.
Propulsé membre du jury chargé de récompenser des peintres locaux, ses critères de jugement froissent l’une des huiles locales. Écarté du palmarès, ce redoutable personnage, pour le malheur de l’écrivain, a lu de près ses romans et prend les habitants à témoin du portrait peu aimable qu’il a fait d’eux. Le retour au pays vire au cauchemar.,Dans cette grinçante évocation du gouffre qui sépare deux mondes, où l’ignorance empesée le dispute à la distance ironique du lettré, tout le monde a ses torts. Le village qui veut tirer les dividendes de l’aura du fils du pays, sans même en connaître les contours exacts, et cet écrivain qui surplombe, malgré une bonne volonté qui s’étiole, cette ville sans ambition, enfermée sur elle-même.
Entre les demandes intéressées des habitants et ses observations effarées, le grand auteur, moral en berne, ne fait que s’enfoncer dans un piège dont la sortie, sans dommages, devient hypothétique. Récompensé à la Mostra de Venise, en septembre dernier, par le prix d’interprétation, le jeu de Daniel Martinez est impeccable, aussi bien dans le rôle du prix Nobel prospère que dans celui de l’écrivain, enlisé dans la réalité, prisonnier de son malaise et de cette nasse. Les réalisateurs, Mariano Cohn et Gaston Duprat, enferment leur film dans un climat de plus en plus menaçant.
Sa mise en scène élégante accentue le contraste entre le regard de l’écrivain et les attentes locales, et grossit, en caricaturant le trait, l’écart irréconciliable de ces deux mondes que tout oppose. Personne, au bout du compte, ni le prix Nobel, ni le village, n’a le beau rôle dans cette tragicomédie.
Goya du Meilleur film étranger en langue espagnole et Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise, pou
Goya du Meilleur film étranger en langue espagnole et Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise, pour Oscar Martinez, "Citoyen d'honneur" est une nouvelle pépite argentine, après "Les Nouveaux sauvages", signée Mariano Cohn et Gastón Duprat. Une cinquième collaboration à l’humour implacable et grinçant, sur les illusions de la nostalgie et le travail du temps.
Avec la gloire internationale, un Prix Nobel de Littérature, Daniel Mantovani (Oscar Martinez) est devenu un écrivain aigri qui s’est réfugié dans une tour de verre. Dans ses romans, il ne parle pourtant que de ses origines, modestes, dans un petit village argentin, Salas, dont il ne veut plus entendre parler. Mais il ne résiste pas quand le maire le sollicite pour devenir citoyen d’honneur. Est-ce la dernière médaille qui manque à son tableau ? Une revanche sur ses origines ? Une reconnaissance légitime ?...
Sans tenir le film sur les épaules, les seconds rôles étant formidables (le maire, la famille d’accueil, l’opposant…), Oscar Martinez compose un personnage très subtil. Au carrefour de l’élite intellectuelle et du déraciné retrouvant ses sources, de l’intello détaché et de l’émotif, de la vedette adulée et du personnage honni. Tous ses contrastes, avec au premier chef l’arrivée d’une personnalité sophistiquée dans un monde rural, est source d’innombrables gags, de situations comiques, de réparties savoureuses. Un délice que renouvellent constamment Mariano Cohn et Gastón Duprat dans l’écriture et la réalisation, qui évoquent les meilleurs moments de la comédie italienne.
L’on croirait pourtant tout improvisé, ce qui n’est pas le cas. C’est tout le talent des cinéastes de ne pas tourner un faux reportage, mais une vraie fiction, avec une forme documentaire. Ce tour de passe-passe est dû aux situations de plus en plus incongrues qui jalonnent le récit : le défilé sur le camion de pompier, le concours d’arts-plastiques catastrophique, l’hostilité du comité anti-Daniel Mantovani, les origines de la jeune fan amoureuse, jusqu’à une conclusion extrême.
Depuis plusieurs années, le cinéma argentin a démontré son talent avec une énergie, une vivacité, dont "Citoyen d'honneur" témoigne de bout en bout dans son humour irrésistible, à travers une situation plausible portée jusqu’à ses limites. Sans excès, avec élégance et réalisme, Mariano Cohn et Gastón Duprat réussissent un portrait d’homme, un portrait d’artiste, d’intellectuel désenchanté mis face à lui-même, à un passé révolu qui le rattrape sans qu’il s’y attende. Il lui fait prendre conscience d’un présent qui lui échappe, pour lui imposer comme une leçon d’humilité. Une jolie fable.
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