SIN NOMBRE

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Suédois par sa mère, Japonais par son père, Américain de naissance, Cary Joji Fukunaga a tourné ce film, son premier, en Amérique centrale. Pendant des mois, il a recueilli le témoignage de victimes ou d'anciens membres des gangs qui sévissent dans la région. Il a aussi partagé le quotidien des émigrés clandestins. De ce riche matériau documentaire, il tire une oeuvre forte et pessimiste où un garçon qui fuit la Mara - ce gang aux tatouages démentiels - croise sur la route de l'exil une adolescente du Honduras qui cherche à passer clandestinement aux Etats Unis.

Avec de tels sujets, Sin nombre aurait pu sombrer dans le cliché mais le jeune réalisateur fait preuve d’une rigueur exemplaire et d'un traitement de la violence impressionnant pour un premier long métrage. Avec la perspective d'un ailleurs, idéalement rendue à l’écran par la figure du train roulant vers l’horizon. Perspective cassée, tout de même, par l'absence de perspective du petit caïd, prisonnier du territoire du gang où l’espérance de vie ne dépasse pas 30 ans. Fuir ou crever, en somme. Quand les deux trajectoires se rencontrent, le film prend des allures de thriller vraiment convaincant. Un film qui a la violence au ventre et qui pose cette question brûlante : peut-on même rêver d'une vie meilleure quand on est né au mauvais endroit ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA ZONA DE RICARDO PLA (Un thriller au réalisme cru qui renvoie le Mexique aux causes sociales de sa violence. Lucide et efficace.) ou encore LA VIDA LOCA (Un documentaire choc sur le gang des Mara dont le réalisateur Christian Poveda fut retrouvé mort au Salvador, tué par balles, en 2009. Âgé de 54 ans, le cinéaste était en train de tourner un autre documentaire dans une banlieue contrôlée par les gangs.).

La frontière USA-Mexique : c'est un des thèmes forts du cinéma américain, du western jusqu'aux drames qui traitent de la figure du clandestin. On pense bien sûr à No Country for old men des frères Coen en 2008 adapté du roman de Cormac McCarthy, où, à la frontière qui sépare le Texas du Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail et où Josh Brolin tombe sur deux millions de dollars abandonnés au milieu des cadavres... Un film crépusculaire, d'une incroyable puissance visuelle, où les Coen sont à la frontière du western et du film noir.

Dans Babel, en 2006, Alejandro Gonzalez Inarritu filme, entre autres, Gael Garcia Bernal passant la frontière mexicaine illégalement avec deux enfants américains à bord de sa voiture pour, ne serait-ce que le temps d'une fête, retrouver sa culture, ses racines... Tiré d'une histoire vraie, Les Oubliées de Juarez, de Gregory Nava, en 2007, est un beau polar social où Jennifer Lopez, journaliste, enquête sur une série de meurtres commis aux abords d'usines américaines situées à la frontière de Juarez et d'El Paso. Le film recrée parfaitement l'atmosphère glauque des petites villes mexicaines frontalières et la loi du silence qui y règne. Revoir aussi Incident de frontière, réalisé par le grand Anthony Mann en 1949, où des agents fédéraux américains démantèlent un trafic d'esclaves modernes au sud de la Californie, en collaboration avec leurs collèges mexicains.

Cette frontière peut donc aussi mener à l'humanisme comme le prouve ô combien Tommy Lee Jones dans Trois enterrements en 2005. Contremaître dans un coin sans âme du Texas, il va tout faire pour offrir une sépulture digne à son ami, un ouvrier mexicain, et mènera son corps sur sa terre natale. 

Le cinéma comme on l'aime, dérangeant parce que bousculant (un peu) nos préjugés. En regardant le parcours de ces immigrés d'Amérique Centrale, j'ai réalisé qu'ils sont les aventuriers des temps modernes, prennant tous les risques et sacrifiant tout ce qu'ils ont pour un ...

Je l'ai vu sans savoir sur quoi j'allais tomber et je ne suis pas déçue! Tout d'abord on voit l'embrigadement de la jeunesse dans les gangs, avec cette violence qui nous est envoyée en pleine face! Puis on va suivre également Sayra, son père et son oncle qui essayent de rejoindre ...

Sur le papier, on pourrait s'attendre à un film de gang bien sanglant. Cependant, ce point là n'est qu'une minime partie du film. On a ici deux récits parallèles et différents, sur 2 thèmes différents : la quête de soit pour l'un, la rédemption pour l'autre, et, ils se ...