PSYCHOSE (VERSION RESTAURÉE)

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Psychose d’Alfred Hitchcock est un tel monument de l’histoire du cinéma que 38 ans après sa sortie sur les écrans, Gus Van Sant, le metteur en scène d’Elephant, a entrepris de refaire le film à l’identique, plan par plan (plus ou moins !), avec d’autres comédiens et en couleurs, cette fois. Mais d’où vient donc cette fascination jamais démentie pour Psychose ?

De l’aveu de Hitchcock lui-même le roman qui a inspiré le scénario n’avait rien d’extraordinaire, en revanche l’oeuvre qu’il en a tirée est véritablement un « film pur », pour reprendre ses mots. Comme il l’a confié à François Truffaut : « Dans Psychose, le sujet m’importe peu, les personnages m’importent peu ce qui m’importe, c’est que l’assemblage des morceaux de film, la photographie, la bande sonore et tout ce qui est purement technique puisse faire hurler le public ».

Le récit glisse insensiblement du polar à l’horreur et le maître du suspense ne néglige  aucun détail comme les soutiens-gorges de Janet Leigh qui passent du blanc au noir après le vol qu’elle commet. Et Anthony Perkins trouve avec le personnage de Norman Bates le rôle qui fait décoller sa carrière à 27 ans mais qui lui collera aussi à la peau puisqu’il le reprendra dans trois suites de Psychose.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PSYCHO (Un remake quasi littéral signé Gus Van Sant) ou encore PHANTOM OF THE PARADISE (Brian de Palma y revisite avec beaucoup d'humour la fameuse scène de la douche).

Malgré son budget assez modeste pour l’époque, Psychose a été pensé comme un film-événement dès son tournage. Le plateau était rigoureusement gardé et le scénariste s’était vu interdire de parler du personnage de madame Bates. Hitchcock en revanche ne se privait pas de distiller diverses rumeurs destinées à piquer et entretenir la curiosité. Pour la sortie de Psychose, la Paramount mettra le paquet. Afin de préserver le mystère sur le scénario et sa chute, des pancartes annonçaient en substance à l’entrée des salles qu’absolument personne ne serait admis dans le cinéma après le début d'une séance de Psychose. « Pas même le frère du directeur, le président des États-Unis ou la reine d’Angleterre »…

Avec ses 78 plans, la courte mais non moins fameuse scène de la douche a fait couler beaucoup d’encre. Le tournage de cette séquence s’est étalé sur sept jours et, contrairement à ce qu’affirme une légende, le cinéaste n’a jamais arrosé d’eau froide la comédienne pour la faire crier. Avec un art consommé, Hitchcock réussit à déjouer la censure puritaine de l’époque et, à l’exception d’une image, le couteau n’est jamais montré au contact de la peau. Janet Leigh a d’ailleurs été doublée par une jeune femme pour les plans cadrant certaines parties de son corps. Mais c’est bien son oeil qui a été filmé et, selon l’actrice, maintenir ce regard vide et immobile à chacune des innombrables prises fut le plus dur pour elle.

Aux cadrages millimétrés et au montage rythmé, s’ajoute une bande sonore d’une efficacité redoutable. Et si une sauce au chocolat a été utilisée pour obtenir la teinte souhaitée du sang, le son des coups de couteau provient de biftecks et de melons poignardés. Aucune musique n’était prévue au départ mais le compositeur Bernard Herrmann, qui en était à sa quatrième collaboration avec Hitchcock, a réussi à convaincre le cinéaste d’en ajouter une. Son coup de génie, c’est de proposer une partition uniquement pour cordes où les coups d’archet de violon remplacent avantageusement les habituels percussions et cuivres requis pour suggérer l’angoisse. Enfin, même si on a dû mal à l’imaginer aujourd’hui, le plan de Janet Leigh jetant les papiers qu’elle a déchirés dans la cuvette des toilettes a brisé un tabou car, à l’époque, les WC n’étaient jamais montrés à l’écran !

L’incursion d’Hitchcock dans les abîmes de la perversité est une réussite magistrale. Alors qu’on aborde des sujets complexes et retors, c’est par une certaine économie de moyens que la construction du récit fonctionne. Psychose est notamment un film sur le solo. ...

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