MARIE-ANTOINETTE

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En 2000 une jeune Américaine de 29 ans élevée à New York découvre en lisant un livre le destin d’une reine de France, née à Vienne 250 plus tôt. C’est le coup de foudre.

Sofia Coppola, fille de Francis, se reconnaît dans Marie-Antoinette Von Habsburgh, fille des empereurs d’Autriche. Et elle décide d’en faire un film. Pour cela elle contacte l’auteur du livre, l’historienne Evelyne Lever qui lui fait visiter Versailles. Il lui faudra 6 ans pour présenter en 2006 au festival de Cannes une œuvre scrupuleuse dans sa reconstitution, audacieuse dans sa bande musicale et troublante dans sa poétique. Kirsten Dunst incarne l’Autrichienne avec sa grâce diaphane qui peut laisser croire qu’elle n’a pas 15 ans au début du film et 35 à la fin.

Bienvenue dans une Cour de France où l’on parle anglais, ce qui nous la rend encore plus étrangère.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'AUTRICHIENNE DE PIERRE GRANIER-DEFERRE (1990) ou encore MARIE ANTOINETTE DE WOODY S. VAN DYKE .

C’est à Marie-Antoinette qu’on doit Lost in translation puisque devant la lenteur de la préparation d’un très gros film Sofia Coppola décida d’en écrire un petit. Mais c’est grâce à Lost in translation et à son retentissement international que la cinéaste put monter son Marie Antoinette.

Le gouvernement français a en effet déroulé le tapis rouge devant la jeune Américaine. Autorisation de tourner dans le château de Versailles, dans la galerie des glaces pourtant en rénovation, et facilités en tout genre. Seul Alain Delon a refusé le rôle de Louis XV au prétexte qu’il ne veut pas tourner avec une perruque. Dommage. Il faut dire que la dimension rock’n roll du film dans sa musique aurait pu en dissuader plus d’un. Si, à l’image, il ne manque pas un ruban ou un point de dentelle, la bande-son fait coexister Rameau, The Cure, New Order et les Strokes. De même que la reine mère qui accompagne le film de sa voix off est l’ex-égérie des Stones Marianne Faithfull.  Et puis il y a ce fameux plan où apparaissent furtivement une célèbre paire de chaussure de sport avec étoiles au milieu des escarpins. Derrière ces clins d’oeils anachroniques se cache pourtant une artiste tourmentée.
Il fallait du courage ou de l’inconscience pour ressusciter la reine la plus honnie de l’histoire de France, plus communément surnommée la veuve Capet. C’était aller contre l’hagiographie républicaine. Mais Sofia Coppola a autre chose en tête que nos querelles franco-françaises. Pour elle les jeux de cour au XVIIIème siècle ont quelque chose à voir avec l’aristocratie du spectacle hollywoodien du XXème. Comment ne pas comparer une adolescente qui devient à 14 ans la dauphine de France et une autre qui joue enfant dans tous les films de son père l’ogre Francis. Comment ne pas imaginer de mystérieuses correspondances entre la jeune Autrichienne devenue reine de France à l’âge de 18 ans et la jeune actrice du même âge qui, se fait assassiner dans le Parrain 3. Toute la frivolité d’une jeune fille sur laquelle pèse un lourd héritage est là.

En 1996 le premier film de Sofia Coppola Virgin suicides (avec déjà Kirsten Dunst) posait déjà la même question: comment peut on être une fille ? Dans le film suivant Lost in translation la fascination pour le père, et le sentiment d’être l’étrangère approfondissaient la quête de cette jeune artiste surdouée. Aujourd’hui Sofia a déployé ses ailes de géantes. Symboliquement le père est mort, vive la fille.