MANDELA : UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ

en VOD

Vous n’aimez pas les biopic ? Vous allez changer d’avis ! D’abord tout bêtement parce que celui-ci ne retrace pas la vie d’une simple chanteuse pop mais d’un combattant de la liberté, de l’homme, qui, à lui seul, fit tomber l’Apartheid, d’une des plus grandes figures du siècle. Que le film, aussi, est porté par une conviction et une énergie magnifiques.

Au scénario adapté des mémoires de Mandela par William Nicholson, qui s’y connaît en épopée puisqu’il cosigna le scénario du Gladiator de Ridley Scott, Justin Chadvick a su donner une vraie urgence, sans rien omettre des débuts de Mandela à Johannesburg dans le premier cabinet d’avocats noirs jusqu’à son élection à la présidence. Il a surtout trouvé deux interprètes à la hauteur de ce destin exceptionnel : Naomie Harris, d’une puissance remarquable dans le rôle de Winnie, l’épouse de Mandela, aussi combattante et résistante que lui. Et le charismatique Idris Elba, d’origine nigériane et sierra-léonaise et connu pour les séries The Wire et Luther.

Quand le producteur sud-africain Anant Singh, qui avait obtenu les droits du livre, lui proposa le rôle, il hésita, un peu impressionné par l’ampleur du défi, puis accepta quand il apprit que Mandela s’était demandé qui pouvait bien avoir envie de voir un film sur sa vie ! Totalement engagé, l’acteur rencontra ses proches et des habitants de Soweto pour être sûr que le scénario était totalement fidèle et il obtint même l’autorisation de passer une journée et une nuit dans une cellule de Robben Island, cette île-prison où le leader de l’ANC est resté enfermé pendant dix-huit ans. Avant de mourir, Mandela put visionner quelques images du film inachevé et dit simplement « c’est moi ». Il n’y a rien à ajouter. Juste à regarder. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GANDHI DE RICHARD ATTENBOROUGH (Un biopic-fleuve sur une autre immense figure de la paix, de la non-violence et du combat d'un peuple pour sa liberté avec un acteur énorme : Ben Kingsley qui pousse le mimétisme à son excellence.) ou encore INVICTUS DE CLINT EASTWOOD (L'Afrique du Sud en 1995 au moment de la coupe du monde de rugby avec Mandela qui débute son mandat de président du pays... Un grand film sur le sport et la politique réalisé par Clint le grand sage avec un casting royal : Matt Damon et Morgan Freeman en Mandela.).

De plus en plus la mode est au biopic ou, pour ceux qui préfèrent la traduction littérale, à la biographie filmée. Un genre pourtant casse-gueule qui peut donner le meilleur comme le pire, et connaître un succès mitigé même si son héros est une figure forte, comme cela fut le cas avec Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caunes en 2007 ou le Gainsbourg de Joann Sfar en 2009. Le bouquet quand on sait que le biopic est souvent choisi par les producteurs par sécurité : un personnage connu, une histoire édifiante, des prouesses de maquillages, normalement, c’est du tout cuit en salles. D’autant plus commode puisqu’il est inutile d’expliquer au spectateur qui était Marilyn ou Claude François ! Peut-être un peu plus peut-être quand il s’agit du peintre Jackson Pollock mais avec un acteur aussi impliqué que Ed Harris dans le rôle, on comprend tout. En plus si la performance d’acteur est au niveau, cela induit une nomination au césar ou à l’oscar du meilleur ou de la meilleure actrice comme pour Marion Cotillard dans La Môme, Eric Elmosnino dans Gainsbourg, le regretté et génial Philip Seymour Hofman pour Truman Capote de Bennett Miller en 2005, Sylvie Testud reine du mimétisme dans Sagan de Diane Kurys ou encore Jamie Foxx véritable réincarnation de Ray Charles dans Ray de Taylor Hackford en 2004.

Graver sur la pellicule les destins extraordinaires de Mandela ou Gandhi sont aussi de beaux gestes au delà même du cinéma. La tradition du biopic est aussi ancienne que le septième art et a toujours été un genre en soi : dès 1899, George Méliès consacrait un biopic à Cléopâtre ! Les vies de Napoléon, Jeanne d’Arc, Buffalo Bill, Jésus-Christ, Al Capone ou encore Abraham Lincoln ont ainsi fait l’objet d’innombrables adaptations, depuis des décennies.

On notera que certains grands cinéastes sont des spécialistes du genre comme Milos Forman qui réalisa Amadeus en 1984 sur le remuant Mozart, puis le génial Man on the moon en 1989 sur le comique américain Andy Kaufman, et Larry Flynt en 1996 sur le roi du porno. Ou comme Gus van Sant, aussi à l’aise dans le récit académique et puissant avec Harvey Milk que dans l’évocation inspirée de Kurt Cobain avec Last Days. Et puis il y a les one-shot, superbes : le Van Gogh de Maurice Pialat en 1991 avec un Dutronc transfiguré, l’impressionnant Carlos d’Olivier Assayas en 2010 ou même les derniers jours de Mitterrand imaginés par Robert Guédiguian dans Le promeneur du Champs de Mars. Autant de cinéastes qui hissent le biopic au niveau du film d’auteur.

S’il y a bien un symbole vivant de la paix dans notre monde, c’est bien Nelson Mandela. Prix Nobel en 1993 partagé avec Frederik de Klerk, il aura consacré sa vie à lutter pour la liberté de son peuple dans un pays marqué par l’Apartheid, politique visant à séparer ...

Justin Chadwick porte à l’écran une adaptation fidèle de l’autobiographie publiée en 1994 par Nelson Mandela. Une belle aventure, altérée par quelques défauts trop apparents. Nelson Rolihlahla Mandela, dit Madiba, s’est éteint le 5 décembre 2013 à l’âge de 95 ...

NOTE : Je surestime volontairement le film. Mais je passe mon temps à me justifier plus bas dans la critique. Gros travail qui requiert des pincettes lorsqu'on se lance dans la retranscription audiovisuelle de grands hommes. Il y a mille pièges dans lesquels tomber. Mandela, ...