LES PROIES

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Vous vous souvenez de cette histoire de soldat nordiste blessé qui est recueilli et soigné dans un pensionnat, au beau milieu des jeunes filles en fleur. Les cinéphiles spontanément citent Les proies avec Clint Eastwood.

Mais les jeunes spectateurs, eux, invoquent le remake réalisé par Sofia Coppola en 2017 avec Colin Farrell dans le rôle du matou et la trilogie royale des femmes, jeunes femmes et femme enfant : Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning.

C’est ce dernier film que nous allons voir avec les tourments du désir, de la jalousie, des rivalités et des haines culturelles. Sofia manie le poison féminin, essayez d’y goûter pour voir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PATIENT ANGLAIS DE ANTHONY MINGHELLA (1996) (Multirécompensé, ce film d'un romantisme échevelé relate l'histoire d'amour impossible d'un homme et d'une femme dans le contexte d'une guerre en cours. Minghella réussit un film sur une époque où la morale privée et patriote interdit toute passion amoureuse. Une époque de haine et de sacrifice.) ou encore MISERY DE ROB REINER (1990) (De l'aveu même de Sofia Coppola, ce film fut une référence pour elle. Inspiré d'un roman horrifique de Stephen King il relate la séquestration d'un célèbre écrivain par une de ses fans, la "fan numéro 1". Et dans un mélange de désir et de haine le voilà obligé d'écrire le roman qu'elle souhaite.).

Tout est parti d’un livre au sujet fort, mais qui ne passe pas pour un chef d’œuvre de la littérature The beguiled de Thomas Cullinan paru en 1966. Don Siegel en tire un premier film, en 1971, où il dirige pour la troisième fois un Eastwood cette fois antipathique, victime de son cynisme et de ces dames. Le film impressionne par sa noirceur et son caractère venimeux, c’est le cas de le dire. Sofia Coppola avec le même sujet a inversé la problématique. Quand Siegel prenait le point de vue du mâle se jouant du gynécée, Coppola adopte celui des dames contre le machisme.

Au départ la cinéaste n’avait pas vu la précédente adaptation et elle se fia au roman que lui avait conseillé sa décoratrice. Pour elle c’était l’occasion de réunir des actrices chères à son cœur. Kirsten Dunst pour une quatrième collaboration, la plus célèbre étant celle de Marie Antoinette et Elle Fanning la seconde après Somewhere. Pour s’attaquer à un suspense psychologique qui dégénère en violence pure, elle a revu certains Hitchcock et surtout Misery de Rob Reiner où, déjà, un homme était kidnappé par une femme.

Sofia Coppola a écrit pour Nicole Kidman qui l’a ensuite comblé sur le plateau par l’inventivité de son jeu. Les intérieurs ont été tournés à La Nouvelle-Orléans dans la maison de Jennifer Coolidge, héroïne d’American Pie. Ces dames eurent toute une tenue adaptée à leur personnalité. Sauf qu’un lavage machine malencontreux abima ces pièces uniques, inspirées des looks de l’époque. Il fallut les refaire dans l’urgence. Des cours de maintien, danse, enfilage de corset, et même soins d’urgence furent prodigués pour coller à la réalité sudiste. Tout ça pour faire harem puis mantes religieuses pour ce pauvre Colin Farrell. Tout ça pour un personnage masculin nommé, ça ne s’invente pas, Mc Burney.

Cela ne commençait pas très bien, pourtant. Une bande-annonce bien trop révélatrice, qui raconte déjà tout le film. Un prix à Cannes, un peu convenu a priori. Et un remake? Bref, une certaine lassitude avant même de voir ce film. A tort. Attention, risque de spoilers ! Pour ...

Des jeux d'ombres et de lumières. Les colonnes d'une maison victorienne qui se perdent dans la végétation. Des jeunes femmes dont le visage se perd dans l'ombre. La première évidence, lorsque l'on regarde ces Proies, c'est la splendeur esthétique de l'ensemble. Chaque plan ...

Ami cinéphile, récite-le-toi comme un mantra avant d’aller voir le nouvel opus de Sofia Coppola : Les Proies n’est PAS un remake des Proies, et il faudra absolument s’interdire de penser à la version de Siegel pour éventuellement apprécier à sa juste valeur la nouvelle ...