LE CARNAVAL DES ÂMES

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Carnival of Souls est le seul long-métrage de Herk Harvey, acteur et réalisateur d'environ 400 films institutionnels pour la Centron Production à Lawrence dans le Kansas, où il sera employé durant 35 ans. C'est en rentrant de Californie en voiture qu'Harvey découvre un parc d'attractions près de Salt Lake City au centre duquel a été bâti au 19ème siècle le Pavillon Satair. Son état de délabrement et son style étrange - entre l' Eglise Orthodoxe et le Palais des Mille et Une nuits - lui inspirent son histoire de morts-vivants. Une usine de construction d'orgues lui fournit un autre décors et l'idée de la profession de son héroïne qui sera organiste.

Pour monter son film à petit budget, Herk Harvey prend une année sabbatique. Il confie le scénario à son collaborateur John Clifford qui l'écrit en 2 semaines. Il engage la novice Candace Hilligoss pour le rôle de la jeune fille. Il recrute Sidney Berger qui, comme lui est professeur de théâtre à l'Université du Kansas. Et il se garde le personnage fantomatique qui va hanter l'univers poétique de ce petit film culte, tourné en 5 semaines.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT DES MORTS-VIVANTS ou encore MARÉE NOCTURNE .

Sorti en 1962 dans le circuit des "Drive In", Carnival of Souls est injustement oublié. Pourtant son influence sera considérable sur des films comme La Nuit des morts-vivants de George Romero. Si les rêveries de la jeune femme invisible aux yeux des humains évoquent le fantastique de Cocteau, le film oscille plutôt entre l'esthétique télévisuelle de Twilight Zone et la sophistication en noir et blanc de l'expressionnisme allemand, avec ses maquillages outranciers.

Tandis que la narration liée à la perte d'identité annonce déjà Eraserhead de David Lynch. Candace Hilligoss qui trouve ici LE grand rôle de sa carrière, renvoie aux multiples blondes inquiètes d'Alfred Hitchcock autant qu'aux héroïnes déconnectées du monde réel comme celle incarnée par Catherine Deneuve dans Répulsion de Roman Polanski. On la retrouvera en 1964 dans The Curse of the living corpse de Del Tenney, réalisateur de films d'horreur de série B, mais jamais l'actrice ne décollera comme elle l'aurait mérité. Un remake en couleurs portant le même titre fut réalisé en 1998 par Adam Grossman et Ian Kessner.

Quant à Herk Harvey, après ce magistral coup d'essai, il retourna travailler au studio Centron de Lawrence, dans le Kansas, où il reçu un hommage pour son œuvre en 1989