FIRST LOVE, LE DERNIER YAKUZA

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A 60 ans passés, Takashi Miike continue à tourner des films plus vite qu’on n’a le temps de les voir, et l’âge semble n’avoir aucune prise sur lui, comme en témoigne ce First love rien moins que trépidant, qui marque les retrouvailles du cinéaste avec le scénariste Masaru Nakamura, dont la dernière collaboration remonte à Sukiyaki western Django.

Cette fois, le scénario superpose deux fils narratifs : d’abord l’histoire d’amour naissante entre Leo, un aspirant boxeur qui croit avoir une tumeur au cerveau et Yuri, une prostituée cocaïnomane dont les employeurs sont un couple de dealers à la solde de gangsters chinois. Le tout dans le contexte d’une guerre des gangs entre yakuzas en perte de vitesse et les triades en train de monter en puissance.

En dépit d’un récit à la fois dense et complexe, Takashi Miike ne perd jamais le fil et arrive à mélanger le drame adolescent et la comédie yakuza avec une pincée de sensibilité qui ne freine en rien son habituelle approche délirante et sans tabous.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOKYO TRIBE (Un tableau très exagéré des différents aspects de la pègre de Tokyo, adapté d'un manga.) ou encore OUTRAGE (Un tableau réaliste de la pègre japonaise qui cherche sa place dans le Japon moderne.).

First love, le dernier yakuza marque la quatrième collaboration de Takashi Miike avec Jeremy Thomas, producteur spécialisé dans les auteurs indépendants et aventureux, comme Bernardo Bertolucci, Terry Gilliam, Jim Jarmusch, Takeshi Kitano, David Cronenberg ou Matteo Garrone pour n’en citer que quelques-uns. Cette fois, il a pris le train en marche, et ne disposait donc pas d’autant de marge de manœuvre que s’il avait été à l’origine du projet, ce qui ne veut pas dire qu’il soit intrusif, bien au contraire. Miike l’apprécie justement parce qu’il laisse une grande liberté à ses metteurs en scène.

Avec cette histoire située dans le contexte d’une guerre des gangs entre Chinois et Japonais, le traitement paraît extravagant, mais Miike tempère en affirmant qu’il est plus proche de la réalité qu’il n’y paraît. Il reflète notamment la situation difficile que traversent les yakusa. Alors qu’ils avaient l’habitude d’opérer comme la mafia italienne, avec des façades qui dissimulaient leurs activités, ils sont aujourd’hui soumis à une multitude de lois qui a considérablement réduit leur marge de manœuvre. Par exemple, ils ne peuvent pas s’acheter une maison ou louer de voiture. Ils n’ont même pas le droit d’avoir des cartes de crédit.

Etrangement, le trafic de drogue est une des rares activités qu’il leur reste. Comme c’est dangereux, personne ne veut s’en occuper. C’est quasiment leur seul moyen de survivre. En fait, ils n’ont pas tellement de choix. Comme beaucoup de films de Takashi Miike, First love est une commande. Loin de s’en plaindre, le cinéaste est très content de cette façon de procéder. La plupart du temps, il n’est pas le premier choix des producteurs, qui cherchent un réalisateur plus classique, mais sans forcément trouver. Entretemps, ils ont engagé des acteurs et entrepris la préproduction, et à l’approche du tournage, ils n’ont pas d’autre option que de se tourner vers Miike, qui ne dit quasiment jamais non, et qui est réputé pour travailler vite avec des budgets réduits.

Je pourrais résumer First Love avec ce célèbre précepte de Confucius : on a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en a qu'une. Où trouver la force d'apprécier la vie lorsqu'on a rien qui nous y rattache ? Takashi Miike nous répond en 1h48. Pour ...

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