CECI EST MON CORPS

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Comédien, scénariste, Jérôme Soubeyrand est aussi depuis 2014, réalisateur avec son premier long métrage, Ceci est mon corps. Et il commence cette carrière de cinéaste par un film hybride, à la fois fiction, dans laquelle il joue, et documentaire. 

Dans ce film, un curé tombe amoureux d’une actrice névrosée dans un stage de thérapie, monte à Paris tenter sa chance auprès d’elle et découvre l’auberge espagnole de l’amour et de la sexualité. Parallèlement à la fiction, l’auteur interroge Michel Serres et Michel Onfray sur les épîtres de Saint Paul ou les fondements de la séparation du corps et de l’esprit dans le christianisme.

Mais aussi, il se prête à une séance de psychanalyse transgénérationnelle avec Bruno Clavier, spécialiste du genre, qui interroge avec lui le secret de sa famille : la grand-mère de Jérôme Soubeyrand est une fille de curé. Une information qu’il a apprise au moment de l’écriture du film. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver POLICE DE MAURICE PIALAT (Pour le naturel du jeu d'acteurs) ou encore AU NOM D'ANNA D'EDWARD NORTON (Il s'agit également de l'histoire d'un prêtre qui tombe amoureux mais à l'américaine).

Pas courant pour un premier essai, Ceci est mon corps est un film hybride, à la fois fiction et documentaire, les deux étant intrinsèquement liés à l’intérieur du film. Pour ce faire, Jérome Soubeyrand a réalisé le montage en deux temps, d’abord celui de la fiction puis avec son monteur Manuel Pinto, celui de la partie documentaire. L’écriture a également été une expérience collective car si la première mouture du scénario a été réalisée par le cinéaste, il s’est aussi ensuite fait aider de Marina Tomé, l’actrice qui joue Marlène dans le film, pour améliorer certaines répliques et apporter de nouvelles situations. Un temps d’écriture qui aura pris, en tout, un peu plus d’un an.  

Il y a une réelle liberté dans le jeu d’acteurs dans le film et celle-ci s’explique par la façon dont Jérôme Soubeyrand a dirigé ses acteurs. Il dit s’être inspiré du Police de Maurice Pialat mais aussi des films de Mike Leigh. Toutes les scènes ont été répétées pour la caméra mais le placement des comédiens avaient été laissé libre, aux choix des acteurs pour permettre plus de naturel. Une décision qui a amené à l’improvisation. De plus, en interprétant le personnage de Gabin, le réalisateur s'est amusé à débiter du texte qui n'était pas indiqué dans le scénario, pour créer de nouvelles situations et générer d'autres réactions de la part du casting.  

Le film questionne la place de la sexualité et du corps dans la religion catholique, en touchant un sujet pas évident, celui des prêtres qui tombent amoureux. A travers les épitres de Paul, qui parle de la chair mais dans le sens de la condition humaine, et leur interprétation par deux philosophes, il évoque ce désir interdit. Mais surtout, alors qu’il avait déjà écrit une premier jet du scénario, Jérôme Soubeyrand a appris que sa grand-mère était fille de prêtre. De quoi apporter une autre pierre à l’édifice Ceci est mon corps avec cette psychanalyse transgénérationnelle et la transmission des souvenirs par la chair.