SUEURS FROIDES

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De la féérie psychologique, presque de la nécrophilie !  Voilà comment Alfred Hitchcock lui même synthétisait son Vertigo - alias Sueurs froides en français – réalisé en 1958 d’après le roman D’Entre les morts de Boileau et Narcejac,  fameux duo d’écrivains français dont les polars on été adaptés par des cinéastes aussi différents qu’Henri Decoin,  Etienne Périer, Patrick Grandperret ou Eric Red.

En suivant le parcours torturé d’un détective privé (James Stewart)  qui, sujet au vertige, tombe amoureux d’une femme (Kim Novak) qu’il doit surveiller de ses pulsions autodestructrices car probablement hantée par la présence d’une morte , le maître du suspense  réalise son film le plus fou et le plus abouti. Surtout quand Sueurs froides passe du statut de thriller romantique à une love story fétichisto-morbide et psychanalytique totalement exacerbée.

Pourtant tout ne fut pas simple pour ce film qui fut absurdement mal reçu à l’époque par la critique américaine. Et ce, contrairement à la France ou les réalisateurs cinéphiles de la Nouvelle Vague - à savoir le trio Truffaut/Godard/Chabrol – le portèrent aux nues en saisissant toutes les nuances de ce classique absolu du septième art. Un classique qui fut réellement redécouvert lors de sa ressortie sen salles dans les années 80 après être resté quasi invisible pendant deux décennies.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PSYCHOSE (Le film séminal de tueur en série vu sous l'angle de la folie et du malaise) ou encore BODY DOUBLE (Brian De Palma rend un hommage sublime (et ironique) à "Sueurs froides" à travers le personnage d'un homme tombant amoureux d'une morte.).

Chaque décennie, la très respectée revue de cinéma anglaise « Sight and Sound” demande à plusieurs  journalistes  qu’elle est selon eux le meilleur film de tout les temps. En 2012, Sueurs Froides arrive largement en tête détrônant pour le coup le Citizen Kane d’Orson Welles, présent en haut de la liste depuis les 50 années précédentes, pas loin de la Règle du jeu de Renoir, Voyage à Tokyo d’ Ozu, 2001 de Kubrick et la Prisonnière du désert de John Ford. 

Vertigo est un film si  adoré et respecté  que d’autre grands cinéastes  lui ont rendu hommage. Frontalement ou en biais. A commencer par Brian De Palma dont une partie de l’œuvre reste influencée par le cinéaste anglais, et qui, dans son Body Double montre une filature amoureuse et mortifère à la James Stewart dans Sueurs froides. Il rendra d’ailleurs également hommage au film dans Pulsions  et Obsession, Mais il  n’est pas le seul… Voir Paul Verhoeven dans Basic Instinc, David Lynch dans Mullohand Drive, Pedro Almodovar dan Etreintes brisées ou encore Luis Bunuel  qui, dans Cet  obscur objet du désir, joue sur le thème du double féminin comme dans Sueurs froides.  

C’est aussi avec ce film qu’Hitchcock inventa le procédé du travelling compensé, mixe de traveling avant et de zoom arrière, donnant à James Stewart, et par là même au spectateur, une courte sensation de vertige. Procédé réutilisé maintes fois par la suite dont Steven Spielberg dans Les Dents de la mer ou Martin Scorsese dans les Affranchis. Sans oublier, bien sûr, le travelling compensé sur la petite Lisa dans le spécial Halloween n° 20 des Simpson !  

Nous trainons tous deux ou trois boulets sur le site. Des tares honteuses et presque inavouables. Le fait de détester les Inconnus (à travers leur télé, ma critique la plus haïe ici, avec un ratio like/unlike démesuré), De Palma et Hitchcock me valent depuis un peu plus ...

Hitchcock grand lecteur de Proust? J'ignorais. Et pourtant, à (re)voir Vertigo, je m'émerveille devant ce fil solide enchaînant un film à suspense (tout comme la Recherche est à bien des égards un roman policier) à une réflexion sur le sentiment amoureux, son absurdité ...

(la critique contient de nombreux spoils) Parmi tous les films d’Hitchcock, Vertigo est celui qui recueille le plus de suffrages. Parmi tous les films, même, il arrive régulièrement au sommet des classements de la critique internationale. Ce plébiscite pourrait surprendre ...