LE SALAIRE DE LA PEUR (VERSION RESTAURÉE)

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Dans le même genre vous pouvez trouver VIOLENT ROAD (1958) (Sur des routes sinueuses de montagnes, des camionneurs doivent convoyer des produits chimiques explosifs là où une fusée a explosé.) ou encore LES ORGUEILLEUX (1953) (Soleil mexicain, poussière, alcool et sueur.).

Initialement confié à Jean Gabin – qui, finalement, ne voulut pas jouer un lâche –, le rôle de Monsieur Jo faillit bien échapper, également, à Charles Vanel qui, dès le premier jour du tournage, entendit Henri-Georges Clouzot parler sur un ton qui lui apparut si « insupportable » qu’il lui annonça immédiatement son départ. « Vous voulez partir ? Eh bien foutez le camp ! », lui répondit le réalisateur. Alors qu’il bouclait ses valises, l’acteur reçut, in extremis, une invitation à diner, signée Henri-Georges. « Avant le dessert, nous étions les meilleurs amis du monde », racontera Vanel dans son livre de souvenir, Monsieur Vanel, paru chez Robert Laffont en 1989. Dans ce livre, le comédien raconte, également, que le tournage fut si dur et si éprouvant qu’il fallait bien, de temps en temps, se défouler un peu...

C’est ainsi qu’un jour Yves Montand apparut délirant et secoué de violents tremblements, apparemment victime d’une maladie attrapée dans les marais – bien que le film ait été tourné en Camargue ! Armé d’un revolver, il tirait dans tous les sens et n’importe comment, jusqu’à ce que Dario Moreno apparaisse, la main ensanglantée, hurlant : "Il m’a tiré dessus, il va nous tuer." Finalement maîtrisé et plaqué au sol, Montand vit débouler Raymond Borderie, le producteur, effrayé, certain qu’il allait devoir, définitivement, interrompre le tournage. "La farce dura plusieurs heures", racontera Vanel, expliquant que l’accessoiriste avait fourni l’hémoglobine pour la main de Moreno. Quelques jours plus tard, ce sont des pluies abondantes et répétées qui interrompirent vraiment le tournage. Entamé fin août 1951, celui-ci ne reprit qu’en septembre 1952, pour s’achever un mois plus tard.

Dans les Cahiers du cinéma (qui ont tout juste deux ans !), Pierre Kast, lyrique, conclut son article en affirmant que "dans une brutale perfection formelle, [Le Salaire de la peur] balaye les brouillards spiritualistes et devient une image inoubliable de l'atrocité du monde". De son côté, André Bazin, qui écrit toujours dans le Parisien Libéré, définit le style du cinéaste, "synthèse originale et positive du néoréalisme italien et des conventions de la mise en scène américaine", alors que Jean de Baroncelli du Monde, évoque "la plus extraordinaire des démonstrations cinématographiques". Dans la revue Positif (qui n’a pas un an !), Guy Jacob – qui n’hésite pas à dévoiler les dernières secondes du film dès le début de son long article –, parle, lui, "d’une œuvre à la fois insolite et classique, minutieuse et grandiose, brutale et généreuse », pendant que dans l’Humanité-Dimanche, Georges Sadoul, ravi, affirme avoir vu un film « antiaméricain". Et, en effet, Le Salaire de la peur ne sortira outre-Atlantique que débarrassé de certaines allusions concernant les intérêts des Etas-Unis en Amérique du Sud !

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