LA BELLE ET LA BÊTE

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115 ans après la Belle et la Bête, première adaptation cinématographique du fameux conte, produite par la société Pathé en 1899 et après une bonne quinzaine d’autres versions, dont celle de Jean Cocteau en 1946 et celle des studios Disney en 1991, c’est au tour de Christophe Gans, déjà auteur de Crying Freeman et du Pacte des loups, d’en réaliser sa version, sortie en février 2014 et également produite par la société Pathé.

Nous sommes en 1720, un marchand ruiné, veuf et père de six enfants – trois garçons, trois filles – est condamné à mourir pour avoir volé une rose dans le domaine magique d’un monstre, le bien nommé « la Bête ». Belle, l’une des filles du marchand, décide de se sacrifier en prenant la place son père auprès du monstre. La suite, vous la connaissez peut-être... de toute façon, je ne vous en dirai pas plus.

Le marchand ruiné, c’est André Dussollier, qu’on allait retrouver quelques semaines plus tard en compagnon de Sandrine Kiberlain dans Aimer, boire et chanter, le dernier film d’Alain Resnais ; Belle, sa fille, c’est Léa Seydoux, qui abandonnait tout juste la belle Adèle du film d’Abdellatif Kechiche pour « la Bête », alias Vincent Cassel qui, lui, retrouvait Christophe Gans, treize ans après son rôle de comploteur manchot et incestueux du Pacte des loups.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BLANCHE NEIGE (2012) (Autre conte pour enfants, déjà adapté au cinéma (par Disney) et revu et corrigé pour large public.) ou encore UN PRINCE (PRESQUE) CHARMANT (2013) (Venue sauver l’entreprise paternelle, la belle Marie va s’opposer à un businessman, macho et sans scrupule, avant d’en tomber follement amoureuse.).

Contrairement aux précédentes versions, dont celle de Cocteau, ce film ne s’inspire pas du court récit de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, née en 1711, mais du conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, née une quarantaine d’années plus tôt. C’est ce texte, beaucoup plus long et lui-même inspiré d’antiques auteurs, qui servit de base à Christophe Gans et à sa coscénariste, la romancière Sandra Vo-Anh. Contrairement à la version courte, destinée aux enfants, la version longue s’adresse, aussi, à un public mature en insistant sur « le sens caché de l’histoire », explique le cinéaste. C’est ainsi que le scénario évoque les origines de la malédiction de la Bête, alors que Cocteau y faisait à peine allusion, et insiste, notamment, sur la déchéance sociale du père de Belle.

Le film s’inspire, également, d’un grand cinéaste japonais. En effet, avant même d’écrire le scénario, Christophe Gans se demanda qu’elles étaient, aujourd’hui, les œuvres incarnant avec le plus de force la notion de féérie ? La réponse fut immédiate : les dessins animés d'Hayao Miyazaki. Pourquoi ? « Parce qu'ils sont bâtis sur un système de valeurs humaines, écologiques et civilisationnelles », confia le cinéaste. « Ses œuvres, poursuivait-il, ont su transcender les barrières culturelles et représenter pour le public international la quintessence du sentiment féérique. »

Si Christophe Gans entreprit cette féérie, c’est que ses précédents projets avaient tous été repoussés ou abandonnés : Rahan, avec Mark Dacascos dans le rôle du héros préhistorique ; Agnes de Chastillon, adaptation du roman moyenâgeux de Robert Howard (le créateur de Conan le barbare) ; Fantômas, avec Vincent Cassel, remake des films d’André Hunebelle. Et même, lorsque les producteurs Jérôme Seydoux et Richard Grandpierre l’interrogèrent sur le classique de la littérature française qu’il aimerait porter à l’écran, il cita immédiatement un titre qui, coïncidence, était déjà en préparation à Hollywood ! Gardant le secret espoir de s’y atteler un jour, il ne divulgua pas son projet et s’attela, enfin, à la Belle et la Bête. Le tournage eut lieu dans les studios allemands de Babelsberg, avant que les infographistes ne transforment les fonds, uniformément verts, en montagnes, châteaux ou forêts et Vincent Cassel en monstre. En effet, grâce aux nouvelles technologies, le comédien n’endura pas le calvaire de Jean Marais qui, chaque matin, passait cinq heures au maquillage !

Un riche marchand se retrouve ruiné.Tombant par hasard sur un château en apparence abandonné,il se sert abondamment dans le stock de richesses exposées mais le propriétaire des lieux,une bête hideuse,le surprend et exige réparation.La plus jeune et plus jolie des filles ...

La belle et la bête ? De prime abord ça sent la récupération hasardeuse du film de Cocteau voire même le Wall Fistney. Et en fait non. Les décors sont peaufinés, travaillés du premier plan jusqu'à l'arrière avec précision et habileté, et les couleurs comme les tons ...

Esthétique renversante, musique féerique et mise en scène impressionnante : Christophe Gans déploie un arsenal de merveilles et remporte le pari fou d’une énième adaptation de La Belle et la Bête. Il y avait pourtant de quoi s’inquiéter. Huit ans après un Silent Hill ...