Jean-Claude Brisseau : la découverte du cinéma
VIDEO | 2012, 15' | Le réalisateur de Noce blanche et des Anges exterminateurs revient sur ses premières amours ci1
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Enfant des banlieues et des H.L.M., Bruno a 14 ans mais il resté un enfant. Plongé dans la violence de son milieu, sa vie se consume comme une étoile filante.
Bruno a 14 ans. A la mort de sa grand-mère, il revient vivre à Bagnolet, chez sa mère, tellement absente qu'on ne la verra jamais. Ce gamin du niveau d'un enfant de 7 ans, se retrouve dans une classe où tous ses camarades ont les mêmes problèmes scolaires. Il y rencontre Jean-Roger, terreur du prof et de tout le C.E.S. C'est par lui que l'enfant va être mis en contact avec les membres pervers, violents, sauvages, de la bande de Mina…
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" Les films de Jean-Claude Brisseau sont des grands récits initiatiques. Comme dans le méconnu (mais magnifique) Un jeu
" Les films de Jean-Claude Brisseau sont des grands récits initiatiques. Comme dans le méconnu (mais magnifique) Un jeu brutal, sorti en 1982, il est ici question d'adolescence, du passage douloureux d'un état quasi-sauvage à une certaine forme de sérénité et de respect de l'autre. Mais De bruit et de fureur augmente d'un cran la dimension tragique et, surtout, l'audace formelle. Peu de cinéastes auraient ainsi osé associer des éléments dramatiques et comiques, réalistes et fantastiques, triviaux et poétiques dans un contexte social aussi dur. Et encore moins y seraient parvenus sans tomber dans le ridicule quand Jean-Claude Brisseau, lui, s'envole vers la grâce.
En 1987, ce mélange des genres avait décontenancé de nombreux cinéphiles, relayés par des élus de gauches qui stigmatisaient, eux, l'image violente et prétendument « lepéniste » donnée de la vie en banlieue. Brisseau, qui a longtemps enseigné dans les collèges et lycées de Seine-Saint-Denis, leur avait justement répondu que la réalité était bien plus terrible que sa fiction. Depuis cette polémique, deux décennies de mal-être et d'explosion sociale dans les cités ont, hélas !, prouvé la dimension visionnaire de De bruit et de fureur."
" Bruno est privé de regard. Dès son arrivée à Bagnolet, l'enfant-adolescent est le témoin d
" Bruno est privé de regard. Dès son arrivée à Bagnolet, l'enfant-adolescent est le témoin d'une scène de violence entre voisins qui ne laisse aucun doute sur l'ambiance du lieu. Au contact de Jean Roger, il va se transformer peu à peu en voyeur, comme dans cette séquence mi-sexuelle, mi-violente, de règlements de compte dans les caves des HLM, ou dans cette autre séquence qui fait alterner la réunion des instances scolaires délibérant le cas de Jean-Roger et le regard des adolescents qui rend dérisoire toute initiative de punition. L'aboutissement de ce voyeurisme est cette absence de regard qui caractérise Bruno dans toute la dernière partie du film. Bruno ne voit plus rien, il lui est devenu intolérable de regarder, il ne peut plus supporter l'insupportable, comme dans cette séquence du meurtre du père, sorte de vision hallucinante, presque fantastique. A cette vision réelle, Bruno tente de substituer uen vision imaginaire incarnée par un oiseau et une sorte d'ange au féminin, dont les apparitions ponctuent le film (…)
En fait, cette apparition est sans doute trop faible esthétiquement comme psychologiquement, pour contre-balancer l'hallucination permanente du film. C'est la réalité qui est hallucinante, mais comme naturellement, sans qu'il soit besoin de la forcer. A cet égard le film de Brisseau multiplie les séquences littéralement incroyables, depuis la séance d'entraînement au fusil de chasse dans l'appartement, jusqu'à la longue séance d'embrasement qui aboutit au suicide de l'enfant, séquence qui met en jeu l'alcool, le feu et la pendaison du père, image proprement faulknérienne (pour rester fidèle à la référence du titre). La violence n'est jamais plaquée, jamais gratuite ; elle semble suinter comme naturellement de l'espace et des corps ; elle nous atteint en pleine poitrine, spectateurs cloués à notre fauteuil, impliqués que nous sommes dans cette jungle d'avant l'homme.
Le sentiment dominant du film est ce sentiment de terrible qui ne cesse de nous étreindre. Il y a là quelque chose d'impossible à combler, d'implacable d'inexorable et c'est là que le film atteint au tragique. (..) Sorte de milieu originaire qui génère des pulsions incontrôlables, le film excelle à saisir ces moments de basculement où un détail suffit à installer l'irréparable (...)
A travers ces existences gâchées, ces destins joués d'avance, De bruit et de fureur fait le portait d'un monde investi par le mal (...) Bruno a un corps trop frêle pour supporter un univers aussi absurde, aussi intolérable (...) Son geste rejoint celui de l'enfant d'Allemagne année zéro, il est la réponse inacceptable à un monde inacceptable."
" De bruit et de fureur est une œuvre hallucinante. De grandeur, de beauté, de force, d'émotion (...) Arrach&e
" De bruit et de fureur est une œuvre hallucinante. De grandeur, de beauté, de force, d'émotion (...) Arrachées aux passions, à la fatalité des instincts, ces œuvres-là sont indispensables comme autant d'exorcismes à la sauvegarde morale de l'homme. De bruit et de fureur se situe à cette profondeur-là, les deux termes antagonistes fonctionnant ici à la manière d'un rituel où le sacré et le profane se fécondent réciproquement, afin de stimuler l'énergie vitale de l'œuvre qui fonde sa grandeur.
Imaginez un enfant ayant pour seul compagnon un serin, pour seul bagage la cage de l'oiseau. Il arrive dans le film comme s'il débarquait d'une lointaine galaxie. Le monde qui l'accueille est un enfer. C'est le nôtre, avec son paysage de banlieue urbaine et ses corollaires : marginalité, violence, délinquance, misère. Dans l'univers de cet enfant, une seule porte de secours battant sur les étoiles : celle du rêve. Le passage du réel à la vision onirique se produit sans heurt, le plus naturellement du monde : au fond du couloir, la porte à droite s'entrouvre sur une scène éclairée par un rayon oblique à la Girodet, dont la source lumineuse reste énigmatique.
Cette scène définit à elle seule l'unité organique quasi cellulaire du film. Aucun bricolage n'intervient dans son élaboration, éliminant ainsi la notion simpliste et réductrice de fantasme. La mise en scène chez Brisseau privilégie la clarté absolue, garante la plus sûre du mystère. Tout ici — lumière, cadre, direction d'acteurs, mouvements de caméra, choix des visages et des corps — participe d'une rigueur et d'une intransigeance absolues. Dans cette limpidité, le ciel et l'enfer se contemplent. Ils se réfléchissent comme dans un miroir fascinant.
Le vertige naît d’une perception radicale et décisive du monde hors la norme, la règle, la loi. Sans contraintes, sans garde-fou, libre enfin, le regard du cinéaste est délivré du souci de plaire. Attitude très rare de nos jours, où les carrières se jouent au poker menteur ! Enfin, un réalisateur qui ne se regarde pas en train de filmer. Sa maîtrise est si secrète et si humble qu'elle demeure invisible. Aucun effet spectaculaire pour séduire en risquant au pire de trahir son sujet. Ne voulant rien prouver, Brisseau ne cherche ni à convaincre ni à moraliser; il montre (...)
L'horreur ici est filmée de telle manière qu'on peut la regarder sans en être avili. L'effroi devant le vide et la mort ne nous accable pas. Il provoque au contraire une sorte d'ivresse qui rend plus fort et nous élève au-dessus de notre destin, si médiocre et si dérisoire soit-il. Détaché de toute contrainte d'ordre psychologique, c'est avant tout le mystère de l'être que Brisseau réussit à capter dans sa complexité, son universalité, sa poésie. Chacun porte en soi une part indéfinissable de lumière et d'ombre, à l'exemple du personnage incarné par un Bruno Cremer magistral : son innocence dans l'abrutissement et la monstruosité en fait un être sacré.
Tous les personnages ici font l'objet du même respect religieux et sont regardés avec la même compréhension, la même force amoureuse. « Tout homme naît avec des instincts que seule peut maîtriser non pas la volonté, mais une grâce particulière... Il n'est pas un coupable, pas un ! Je les absous tous », écrivait Shakespeare. De bruit et de fureur n’oppose jamais les bourreaux aux victimes, les destructeurs et les détruits, ceux qui tuent et ceux qui sont tués. Ici les vivants et les agonisants sont installés sous le même toit. Avant de mourir, le vieil homme dira au jeune garçon qui a su lui tendre la main : « Je suis en toi, tu es en moi, nous sommes ensemble... » Et qu'importe la laideur des H.L.M. si la compréhension et la tendresse y trouvent refuge ? À quoi bon refuser l'école si une princesse-institutrice attend l'enfant abandonné aux marches du palais ? Qu'importe la terre si noire, le ciel si sombre, s'il reste une parcelle d'amour ? Et le don des larmes."
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