LE TÉMOIN INVISIBLE

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Un businessman se réveille un matin dans une chambre de palace. A ses côtés, dans le lit, sa maîtresse. Ou plutôt son cadavre. Tout porte à croire que c'est l'amant qui l'a tué puisque la chambre est fermée de l'intérieur, mais qui a vraiment fait le coup ?

Invisible witness renoue avec une tradition de récits policiers à énigmes installés par Edgar Allan Poe et son Double assassinat dans la rue Morgue ou les romans ludiques d'Agatha Christie. Le thriller de Stefano Mordini vise pourtant un autre héritage, celui des films à suspense d'Alfred Hitchcock.

Mais aussi d'un autre pan de l'âge d'or du cinéma classique, d'Otto Preminger à Sidney Lumet quand derrière la trame mouvementée, tout en fausses pistes et retournement de situation, Invisible witness malaxe tout autant les notions de justice et de jeux de pouvoir dans leur plus complexes ambiguïtés, pour transformer un très efficace suspense en réflexion sur la potentielle culpabilité d'un système.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A DOUBLE TRANCHANT (Comme dans Invisible Witness, une avocate doit prouver l'innocence d'un de ses clients alors qu'il est peut-être coupable...) ou encore LE FAUX-COUPABLE (Un des classiques d'Hitchcock autour d'un accusé à tort.).

Le premier des nombreux tiroirs qu'ouvre Invisible witness est son origine : le film de Stefano Mordini est une commande de remake de L'accusé, un thriller espagnol autour des conséquences d'un délit de fuite. Invisible witness en reprend peu ou prou la trame mais modifie son enveloppe. Le film originel s'appuyait sur un jeu de faux-semblants nourrissant un doute sur l'état mental des personnages ou la véracité de leurs dires, sa version italienne repose plus sur une mise en scène en trompe-l'oeil.

Entre autres fondations de ce travail minutieux, Mordini et son équipe ont particulièrement réfléchi au choix des teintes de l'images comme des décors ou des costumes, en s'inspirant plus particulièrement de celles utilisées par Hitchcock dans ses films les plus psychologiques, de Sueurs froides à Pas de printemps pour Marnie, afin de provoquer un écho chez le spectateur. De même pour la structure chronologique, similaire à celle de L'accusé, dans son entrelacs de temps présent et de flashbacks, mais avec la volonté d'utiliser le moins de points de montage possible, pour donner un effet de parallélisme aux deux axes temporels.

Des partis pris qui appelaient à une rigueur pour Mordini et ses comédiens, là ou le réalisateur était plus habitué à les pousser à improviser sur ses films précédents. Pour cela, il est à l'inverse d'une forme déstructurée, faisant découvrir progressivement le scénario aux acteurs, pour qu'ils soient en phase avec la progression psychologique de leurs rôles. Ou dans certains cas, comme avec Maria Palato, l'interprète de Virginia, l'avocate très sure d'elle-même qui va perdre pied, de la diriger selon des méthodes de théâtre. Ce qui était somme toute logique pour un thriller qui fonctionne sur l'idée de lever le rideau sur les véritables personnalités des personnages.

j'ai aimé : + les yeux magnifiques et le visage en amande de l'actrice principale Miriam Leone ;-) + les décors naturels en particulier les scènes de montagne et dans les bois j'ai été ennuyé : par l'intrigue terriblement alambiquée et les invraisemblances nécessaires ...