Olivier Séguret — Forever Godard
VIDEO | 2015, 9' | Pendant trente ans journaliste et critique de cinéma à Libération, Olivier Séguret a quitté le1
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Dans un hôtel parisien, deux détectives planchent sur la mort d'un homme pendant qu'un entraîneur de boxe compte sur son poulain pour rembourser la mafia...
Dans un hôtel parisien, deux détectives enquêtent sur la mort d'un mystérieux personnage. Dans le même temps, Jim Fox Warner, un entraîneur de boxe, espère la victoire de son poulain pour rembourser la mafia... Le couple Johnny Hallyday - Nathalie Baye chez Godard, un film culte.
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" Par l'étrangeté, les accès de violence et les plages de tendresse désespérée qui vienn
" Par l'étrangeté, les accès de violence et les plages de tendresse désespérée qui viennent, quand on s'y attend le moins, ponctuer cet étrange opéra où les enseignes lumineuses vantant les mérites de cassettes vidéos et un écran que l'on interroge sans cesse et qui, parfois, ne veut pas répondre nous rappellent que le monde, aujourd'hui, est tout d'électronique et d'informatique. Que les femmes valent mieux que les hommes, parce qu'elles posent sans cesse des questions, que les hommes, d'ailleurs, sont fatigués, qu'il y a réponse â tout dans Lord Jim de Conrad, mais qu'on n'a jamais le temps de le lire, que l'argent qui est meurtrier gâche tout, que la mort est au bout du chemin et que l'amour, donc, est éternel...
Schubert, Chopin, et d'autres, recouvrent, souvent, les dialogues, pourtant ici plus audibles, dans l'ensemble, que dans les films précédents de Godard. Les images se succèdent, s'entrechoquent, â travers un montage qui ressemble parfois à un match de boxe, avec des enchaînements coups de poing, sous l'immense lustre clinquant du Concorde Saint-Lazare.
Un polar, Détective ? Un condensé fiévreux, plutôt, du mal de vivre, celui d'un Pierrot le fou qui aurait vieilli, qui aurait dit plus de 25.000 fois « je suis fatigué », qui ne sait plus très bien ce que c'est que montrer — « entre paraître et disparaître, il y a transparaître » — et qui, peu confiant dans le commentaire, préférera toujours les images, fiévreuses, et les citations, désespérées, à un récit mené tranquillement, à une « histoire » avec une tête et une queue, mais qui ne dit rien du dessous des choses et des êtres. Dans Détective , en somme, Godard montre, ou fait transparaître, deux ou trois choses qu'il a comprises de la vie, et qui l'ont, sans doute, blessé. Et cette fois, il nous touche."
" ... Détective, c'est un film désespéré, crépusculaire, le flux haché des strophes
" ... Détective, c'est un film désespéré, crépusculaire, le flux haché des strophes d'un poème d'amour dont on sent tout de suite qu'il va finir mal. Jim, avec son trouble passé d'homme d'affaires louches, Emile, le prêteur sans gages marron, et Françoise, la petite-bourgeoise insatisfaite en faillite de sentiments, pataugent dans leur purgatoire existentiel avec un seul dernier espoir : ne pas agoniser trop seul dans cette grande ville maudite, partager leur « trop-plein de lanrmes » avec quelqu'un, sortir de leur marasme d'êtres brisés sans blesser ceux que. l'on quitte, parvenir à communiquer, « essayer de dire ce qu'on n'ose pas ».
C'est un pathétique sauve qui peut (la vie) dont ils ne sortiront pas indemnes. Parce que dans voir, il y a décevoir, parce que dans rompre, il y a corrompre, et parce que, dans le tohu-bohu de cet hôtel-Styx, le minitel refuse de répondre aux questions d'amour.
Suspense, coups de pétards, héros sans avenir et amours damnées... On est en plein polar, dans la lignée des grands films hollywoodiens dont tout le monde a aujourd'hui la nostalgie. Alors ? Qu'est-ce qui peut bien irriter, susciter la hargne de certains ? Qu'est-ce qui déroute totalement une partie des fans de Johnny Hallyday venus contempler leur idole ? Précisément : le fait qu'on soit dans un film de Godard, un film qui ne ressemble à aucun autre. Avec ses jeux de mots (« Pourquoi dit-on «la» droite, et « le » gauche ? ») sa manie de faire répéter deux fois les phrases, sa passion des citations, son goût des facéties, son montage saccadé, faisant alterner brutalement des bouts de séquences, comme une composition symphonique d'avant-garde.
Dans Détective, on retrouve les obsessions de Godard : les femmes, qui l'attirent et le désolent (« elles posent des questions au lieu de vouloir des réponses »), les filles qui se baladent en petites culottes, comme dans les pubs pour lingeries intimes, princesse des Bahamas ou héritière de bonne famille, en chantonnant « j'ai perdu le trou de ma clarinette ». La pornographie (« X, cela doit vouloir dire l'inconnu ») et les scènes d'amour conçues comme des combats de boxe (« Sa gauche est sur ma tête, et sa droite m'enlace »). Le cinéma muet, auquel il rend encore hommage en utilisant un Jean-Pierre Léaud (bedonnant) comme un pierrot burlesque, tour à tour déguisé en valet de chambre, en serveur de bar, en domestique, passant l'aspirateur sous les jupes des clientes (« Ah ! les jambes des Italiennes), jaillissant impromptu d'on ne sait où, et arborant le visage inquiet d'un Keaton revu par Le Vigan.
Godard s'amuse, d'ailleurs, à des-harmoniser sa distribution. A chacun son style. La voix caverneuse de Cuny, celle blanche (bressonienne ?) d'Hallyday, l'œil ténébreux de Terzieff, celui, accablé, de Brasseur, et l'allure de midinette fatiguée de Nathalie Baye, qu'un personnage traite de «petite Française qui ressemble à un faux Botticelli ».
Godard s'amuse, tout en faisant œuvre de poète tragique. II reste l'un des rares cinéastes à faire réellement du cinéma, dérangeant sans doute, inconfortable, mais fascinant. Contraignant le spectateur à être en éveil. Trivial, il l'est. Comme ce comparse qui jette un œil sur l'héroïne et lâche : « J'me la farcirais bien ! » Mais à l'image de son Parrain distingué interprété par Alain Cuny, qui lui répond, superbe : « Vous voulez dire : volontiers ! », il garde une certaine grandeur. Godard a du style."
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