Arthur Harari a de nombreux courts-métrages à son actif mais un seul long-métrage, Diamant noir, acclamé par la presse, quand il s’attaque à l’ambitieux projet Onoda, en partie grâce à la témérité de son producteur Nicolas Anthomé. Le film que de nombreux journalistes voulaient voir sélectionné en compétition à Cannes en 2021 a finalement fait l’ouverture du Certain Regard, dont le jury était présidé par la cinéaste britannique Andrea Arnold. Il en est reparti bredouille malheureusement. Mais en salles, Onoda, dialogué en japonais et bénéficiant d’une durée homérique de près de trois heures, a trouvé un public avec 45000 entrées, mais a pâti tout de même de la baisse des fréquentations générales due à la mise en place du pass sanitaire dans les salles de cinéma.
C’est son père qui parle d’Onoda à Arthur Harari et ce dernier, fasciné par l’histoire qu’il vient d’entendre, démarre presque immédiatement ses recherches, d’abord sur Internet puis via le livre « Onoda : 30 ans seul en guerre » : « J’ai trouvé le seul livre qui a été écrit en français sur le sujet, explique le réalisateur. Il date de 1974, l’année où Onoda est revenu au Japon, et a été écrit par deux Français dont Bernard Cendron, avec qui j’ai ensuite pu m’entretenir. Il avait rencontré Onoda, à son retour des Philippines. Bernard, qui vit au Japon aujourd’hui, m’a ouvert ses souvenirs, ses archives. Le livre, très bon, parvient parfaitement à retranscrire le vertige, notamment le vertige du temps, alors que c’est un bouquin d’enquête. On a l’impression de toucher du doigt la dimension presque onirique de ce qu’Onoda a vécu. »
Le chef opérateur de Onoda n’est autre que le frère d’Arthur Harari, Tom Harari. Collaborateur de longue date d’Arthur, Tom est aussi directeur de la photographie pour d’autres cinéastes tels que Justine Triet (La Bataille de Solférino) ou Katell Quillévéré (Un poison violent, Suzanne, Réparer les vivants). « Avec mon frère, qui est très investi dans la mise en scène, et le monteur, qui est un ami très proche, on essaye de développer une forme d’esthétique ou de construction, un regard qui serait en fait collectif », dit Arthur Harari. Leurs inspirations principales pour Onoda sont autant à chercher du côté du cinéma japonais (Kurosawa, Mizoguchi) que du classicisme américain (John Ford).