LE CLIENT

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Après avoir reçu une moisson de Prix avec Une séparation et Le passé, Asghar Farhadi poursuit son exploration du mariage contemporain à travers le parcours d’un couple d’acteurs de Téhéran.

Provisoirement relogés chez un de leurs amis acteurs, après avoir quitté leur immeuble qui menaçait de s’effondrer, l’une et l’autre partagent leur temps entre des répétitions d’une pièce d’Arthur Miller et leur recherche d’un nouvel appartement, lorsqu’un inconnu entre par effraction et traumatise la femme. L’incident ébranle le couple, dévoile une réalité complexe et réveille chez l’homme des sentiments qui le font hésiter entre vengeance et pardon, entre nature et culture, le tout dans le cadre étouffant d’une société normative.

Farhadi observe cette évolution avec une rigueur quasi procédurale et un sens de la mise en scène d’une précision implacable. Le domicile est perçu tour à tour comme une cage, une scène de théâtre et aussi comme un prétoire où les différents personnages plaident leurs causes respectives. Le résultat est subtil, dense, tragique, émouvant et parfois comique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CERCLE (Inspiré de La ronde, le film passe de personnage en personnage pour dresser le portrait composite de la société iranienne.) ou encore UNE SÉPARATION (Déjà une histoire de couple qui se cherche dans le cadre étouffant d'un appartement).

Le titre original était Le vendeur, en référence à la pièce que répètent les personnages principaux, "Mort d’un commis voyageur" d’Arthur Miller.  En France, le même titre était déjà pris, et le film s’est donc appelé Le client. D’autres pays ont suivi, tandis qu’au Brésil, le film s’est intitulé L’appartement. Aux Etats-Unis où il a représenté l’Iran pour la course aux oscars, le film était titré The salesman, traduction du titre original. Ici, la pièce d’Arthur Miller sert à la fois de cadre et de miroir à une intrigue plus explicite qui se déroule comme un thriller. Au bout du compte, le personnage principal se rend compte douloureusement qu’il est incapable de se mettre à la place de quelqu’un d’autre, et c’est d’autant plus ironique qu’il est un acteur.

Un autre film sert de référence, La honte de Bergman, qui montre comment un homme à l’origine doux et effacé se transforme sous l’effet de la colère. Chez Farhadi, cette transformation menace ce que le personnage a de plus précieux, son mariage. 7e film d’Asghar Farhadi, Le client est son quatrième à être proposé pour représenter l’Iran Aux oscars du meilleur film étranger. Il l’avait obtenu avec Une séparation en 2012, et il l’a une nouvelle fois gagné avec Le client en 2017, ce qui fait de lui le sixième réalisateur étranger à obtenir deux oscars, après Bergman, Fellini, de Sica, Kurosawa et René Clément.

Pour autant, Farhadi n’est pas allé chercher son prix. Quelques jours après sa nomination, il a fait savoir qu’il ne se rendrait pas à la cérémonie pour protester contre les mesures prises par Donald Trump pour interdire l’entrée aux Etats-Unis des citoyens iraniens. Lors de la remise des prix, il était représenté par Anousheh Ansari qui est la première femme astronaute iranienne. Elle a lu un communiqué écrit par Farhadi qui expliquait son geste en affirmant que les décisions de Trump ne faisaient que provoquer des divisions néfastes, alors que le monde avait besoin de s’unir. Le client est sorti en été 2016 en Iran où il a battu tous les records d’audience.

Farhadi possède le talent toujours appréciable de savoir nous embarquer dans des registres auxquels nous ne lui prêtons pas forcément voix. Il est de plus assez rare qu'un cinéaste iranien sache séduire un public assez large tout en gardant une certaine radicalité, dans ...

LE CLIENT (17,1) (Asghar Farhadi, IRAN, 2016, 123min) : Ce remarquable conte « presque moral » narre le destin d’Emad (professeur de lettres) et Rana, un jeune couple d’intellectuel devant quitter précipitamment leur appartement du centre de Téhéran, à cause de menaçants ...

Le stade ultime de la civilisation, c'est la loi. Quand il n'y a pas la loi, il y a la vengeance, il y a l’humiliation. C'est ce que raconte Asghar Farhadi dans son dernier film, et c'est ce qu'il raconte dans tous ses films. Ici, on part du théâtre ; une scène, et un incroyable ...