SPARTACUS (DIRECTOR'S CUT)

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Spartacus est depuis toujours, dans notre imaginaire, le symbole de la révolte pour la dignité et contre un pouvoir tyrannique. Au cinéma, il a, depuis 1960, la musculature et la fossette de Kirk Douglas. 

Le jeune Stanley Kubrick, 32 ans, réalise le film cet année-là sous les auspices sourcilleux du studio Universal. Et, par la même occasion, révolutionne le péplum, grâce à un film tragique et shakespearien, d’ailleurs servi par une flopée de grands acteurs. 

Qu’on en juge : Laurence Olivier joue Crassus le chef de guerre romain, Peter Ustinov est Batiatus, marchand de gladiateurs, Charles Laughton est le sénateur Gracchus, Tony Curtis est un esclave poète et John Gavin incarne Jules César… Côté dame Jean Simmons a la plastique d’une « femme de réconfort » pour gladiateur. Il y aura du sang et la plus juste des guerres serviles dans une épopée hollywoodienne que voici. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUO VADIS DE MERVYN LE ROY (1953) (L'épopée des chrétiens sous Néron, persécutés, livrés aux jeux du cirque avec une grande histoire d'amour. Le livre puis le film montrent la révolte par l'esprit et le sacrifice plus que par le sang. Et tout simplement la révolte par l'amour.) ou encore AMISTAD DE STEVEN SPIELBERG (1997) (L'évocation d'une révolte d'esclaves lors du trafic de "bois d'ébène" quand les bateaux européens emmenaient des Africains vers le Nouveau monde. Un film âpre inspiré d'une histoire vraie qui a fait grand bruit à l'époque et a contribué à la prise de conscience du crime de l'esclavage.).

Au départ, deux hommes persécutés par le totalitarisme des conservateurs américains vont écrire le film. Howard Fast signe le roman que Kirk Douglas adore et qu’il décide de produire ; puis Dalton Trumbo écrit le scénario sous le nom d’emprunt de Sam Jackson. Les deux auteurs sont blacklistés, interdit de travail par la fameuse commission des activités anti américaines qui voit des communistes partout. Kirk Douglas n’est pas seulement une star, c’est un libéral et il use de son pouvoir de producteur pour protéger ses écrivains. David Lean refuse le film puis Antony Mann commence à le tourner avant d’être viré par Kirk Douglas. De son travail il reste une scène dans la version finale, celle de la mine de sel. 

Fait rare, c’est parce que la star juge son metteur en scène trop docile par rapport à l’aréopage de stars que Douglas décide de s’en séparer. Et il choisit un jeune dont il sait, pour avoir déjà tourné avec lui dans « Les sentiers de la gloire », à quel point il est teigneux : Stanley Kubrick. Ils s’affronteront à plusieurs reprises et Kubrick par la suite ne tournera plus que des films qu’il aura écrits et dont il aura contrôlé toute la production. Lors de la fameuse séquence où tous les révoltés disent « I am Spartacus ! » (1957) pour protéger leur chef de la crucifixion, Kirk Douglas a demandé à Kubrick ce qu’il pensait de cette réplique. Réponse de Stanley : « c’est une idée stupide ». 

Douglas jurera qu’il ne tournerait plus jamais avec Mister K et quand on lui proposera un autre film viril, « Les héros de Télémark » il reviendra à Anthony Mann. Spartacus aura pourtant du succès mais Kubrick le reniera, essentiellement à cause d’un script truffé d’erreurs historiques, d’invraisemblances et d’anachronismes. Deux choses sont sûres : Spartacus-l’esclave a vraiment existé, même s’il est mort au combat et pas crucifié. Et c’est, quoi qu’ils en aient tous pensé, un grand moment de cinéma.

La vie romancée de Spartacus avait tout du beau spectacle Hollywoodien, et Kirk Douglas l'a fait, produisant et se donnant le rôle titre, confiant à Anthony Mann d'abord, pour deux semaines, puis Stanley Kubrick, la mise en scène. Ce dernier considère d'ailleurs que c'est ...

L'amitié a parfois du bon. Peu satisfait de la façon de travailler d'Anthony Mann, le comédien Kirk Douglas, à l'origine du projet et vedette du film, demanda à Stanley Kubrick, avec qui il avait travaillé sur le magistral "Les sentiers de la gloire" de le remplacer, permettant ...

Tout le monde le sait, l’incursion de Kubrick dans le monde très codé du péplum n’a rien d’un choix personnel : c’est un tremplin à sa carrière et un remplacement de dernière minute pour le projet de Douglas construisant un film à sa gloire. On pourra néanmoins ...