DAMSEL

en VOD

Alors que le western est épisodiquement revisité sous des formes variées et souvent inattendues, les frères Zellner apportent leur contribution très personnelle au genre avec cette version singulière, inédite et difficilement qualifiable, entre comédie et quête initiatique.

L’histoire débute presque normalement lorsqu’un jeune pionnier s’associe à un homme qu’il prend pour un pasteur afin de l’aider à rechercher l’élue de son cœur, Penélope, qu’il a l’intention d’épouser. Mais il doit d’abord la délivrer, parce qu’il croit qu’elle est retenue contre son gré.

Bien qu’omniprésents, Robert Pattinson et Mia Wasikowska ne sont pas les seuls à faire avancer l’intrigue, dont les nombreux coups de théatre aux accents féministes sont propulsés par une série de personnages secondaires truculents et parfois extrêmes. On est en même temps séduit par la richesse de la production et les magnifiques prises de vue de ce film inclassable qui n’est ni un hommage ni une parodie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TRUE GRIT (Une approche très personnelle du western par deux frères réalisateurs.) ou encore ALBERT À L'OUEST (Même approche singulière du western, ici avec un penchant marqué pour la parodie.).

Depuis le début des années 2000, les frères Zellner se sont forgé une réputation de cinéastes excentriques et indépendants avant d’évoluer vers un cinéma plus conventionnel. Dans leur film réalisé juste avant Damsel, Rinko Kikuchi jouait une japonaise persuadée qu’une cassette VHS de Fargo, le film des frères Coen, contenait des indices permettant de trouver un hypothétique trésor. Cette dimension de quête qui rappelle Don Quichotte se retrouve dans Damsel, avec le personnage de Robert Pattinson qui court après l’idée qu’il se fait de la dame de ses rêves.  Les faits semblent le détromper, sans pour autant que l’atmosphère soit réaliste. Il serait plus juste de parler d’une approche poétique de la part de ces cinéastes qui semblent encore avoir besoin de se cacher derrière la dérision pour assumer leurs trouvailles.

Lorsque Robert Pattinson a lu le script pour la première fois, il l’a mis de côté en pensant que le projet était trop excentrique pour trouver un financement. Quelques semaines plus tard, il est tombé par hasard sur Kumiko the treasure hunter et il l’a tellement aimé qu’il a cherché à se renseigner sur ses auteurs. Il s’est rendu compte alors que c’étaient les mêmes frères Zellner, dont il avait lu le script un peu plus tôt. En acceptant ce rôle, l’acteur trouve aussi l’occasion d’étendre son registre, comme s’il voulait encore s’éloigner de l’image qui le suit depuis Twilight. Il n’a plus besoin de prouver sa capacité d’adaptation, comme en témoigne son travail avec des réalisateurs aussi variés que David Cronenberg, David Michod ou Claire Denis.

Mia Wasikowska avait déjà travaillé avec lui sur Map to the stars.  Elle aussi s’adapte à tout, et elle semble parfaitement à son aise dans le contexte du western, d’autant qu’elle est mise en valeur par les prises de vue d’Adam Stone, le directeur de la photo de Jeff Nichols. Comme pour leur précédent film, les frères Zellner ont fait appel au groupe The Octopus project pour composer une musique étrange et belle dominée par les cordes. 

Lorsque j'en suis arrivé à mettre un titre à cette critique, cela m'est apparu comme une évidence et c'est peut-être le point le plus gênant que j'y est trouvé. Non que je sois un sis-mal oppresseur (ce pasteur malgré lui est quasiment un model de virilité pour moi). ...

Le rideau s’ouvre: l'Amérique, quelque part, Monument Valley sans doute. C’est un paysage de sable et la poussière tourbillonne dans l’ocre de ces roches montagneuses, comme des églises. A la caméra, Adam Stone compose une ouverture éclair en quelques plans merveilleusement ...