MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION

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On se demande souvent quelle peut bien être l’origine de la vocation d’un artiste… Un talent décelé très jeune ? Une rencontre qui change tout ? Un désir de reconnaissance ? Une volonté d’oublier un passé douloureux ? Pour Marvin, le héros du film d’Anne Fontaine que vous allez maintenant découvrir, on peut cocher ces quatre cases !

Marvin est un jeune homme qui décide de fuir son village d’origine : trop de vexations, d’intolérance, d’indifférence… Effacé, fragile et sensible, il a su très tôt qu’il n’appartenait pas à ce monde frustre, rêvant d’un ailleurs qui correspondrait à sa vraie personnalité. Une principale de collège à l’écoute va lui transmettre la passion du théâtre et décider de sa 2e vie ...

Adapté du roman d’Edouard Louis, « En finir avec Eddy Bellegueule », le film est à la fois rude et plein d’espoir, porté par la présence incroyable de ses deux acteurs : Jules Poirier et Finnegan Oldfield qui incarnent magistralement Marvin enfant puis jeune homme…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GARCONS ET GUILLAUME A TABLE ! (Echaper à son milieu, pour mieux se transformer, vivre sa passion et en faire son métier : les deux films suivent le destin de deux jeunes hommes au parcours complexe et difficile...) ou encore LES TEMOINS (Pas facile pour un garçon de province d'assumer et de vivre son orientation sexuelle quand la norme et la société vous rappellent constamment votre différence. Paris peut-être une échappatoire salvatrice, tentatrice mais aussi périlleuse...).

Le travail d’adaptation d’Anne Fontaine est très intéressant sur ce film. Partant du roman d’Edouard Louis, la réalisatrice se devait d’en garder l’esprit mais elle a aussi voulu s’en éloigner. Martin ou plutôt Marvin son personnage principal s’accomplit dans le jeu au théâtre et non pas dans la littérature comme dans le livre. La parole est alors essentielle : c’est elle qui l’aide à se libérer, à dire les choses pour mieux exorciser cette enfance en forme de chemin de croix.

L’exercice de la cinéaste était périlleux car le milieu d’où vient son héros se situe à la fois au cœur de la ruralité et de la précarité. Il aurait été facile de sombrer dans une caricature pédante, de jeter un regard hautain, parisien, sur une réalité que les sociologues ont résumé par l’expression « quart monde ». Au contraire, Anne Fontaine s’attache à montrer sans juger et donne aux relations entre Marvin et sa famille une dimension bouleversante. L’un des thèmes forts du film est celui de l’émancipation à travers une autre destinée. Marvin devient comédien en partant de rien, grâce à la rencontre avec une enseignante bienveillante puis un pygmalion, certes intéressé par son physique, mais qui l’aiguillera vers les bonnes personnes : Isabelle Huppert par exemple, qui joue ici son propre rôle…

Pour Anne Fontaine, ce concept de l’accomplissement en autodidacte est un marqueur. Il s’applique à son propre parcours professionnel et on le retrouve dans plusieurs de ses autres films, à commencer par « Coco avant Chanel » avec Audrey Tautou. La carrière mondiale de l’icône de la mode du 20e siècle trouve ses racines au cœur de sa jeunesse dans une famille très pauvre, à mille lieues de l’univers de la couture de luxe… Une rudesse originelle que l’on retrouve également dans le choix du décor de « Marvin ou la belle éducation » : le film a été tourné à Epinal dans les Vosges, non loin de Belfort où Anne Fontaine avait situé l’action de « Nettoyage à sec » en 1997…

Il y a des films qui ne nous parlent pas. Des films qui se découvrent à reculons, sans envie particulière ni passion. Se retrouver embarqué dans des a priori, souvent injustifiés, pour finalement partir avec cette commune impression qu’il ne s’agit que d’une énième ...

MARVIN ou la belle éducation (14,8) (Anne Fontaine, FRA, 2017, 113min) : Sensible plongée dans la vie de Marvin, jeune adolescent qui a fui sa famille vivant dans un petit village des Vosges pour changer son destin en intégrant une école de théâtre. Depuis 20 ans le nom ...

Tout sonne double, dans ce titre : le prénom Marvin, qui deviendra Martin, dès que, devenu auteur autobiographe, ce personnage - inspiré de Eddy Bellegueule, devenu lui-même Édouard Louis - aura accédé, avec l’entrée dans l’âge adulte, à une acceptation de soi ; et ...