THE SERVANT

en VOD

The Servant marque les débuts d’une fructueuse collaboration entre le cinéaste Joseph Losey qui a déjà une grande carrière derrière lui et le dramaturge Harold Pinter qui signe ici son premier scénario d’après le roman de Robin Maugham, neveu du célèbre Somerset Maugham. Ceci dit, en cette année 1963 Harold Pinter ne débute pas complètement puisqu’il a adapté pour l’écran sa propre pièce Le Gardien, mise en scène par Clive Donner. Pour les rôles principaux en revanche,  à l’époque seul Dirk Bogarde est déjà une grande star. Il a tourné La bête s’éveille dix ans auparavant avec Joseph Losey auquel il est resté très lié et depuis 1961 sa carrière a pris un tournant décisif lorsqu’il a accepté d’incarner un homosexuel dans La Victime de Basil Dearden. Il fait face à deux inconnus  James Fox qui a débuté enfant dans La Famille Miniver, mais dont c’est le premier grand rôle et Sarah Miles qui n’a encore fait quelques apparitions. Le quatuor est complété par la vedette de la télévision Wendy Craig qui remplace Vanessa Redgrave, laquelle devra retarder ses débuts car elle est enceinte de sa fille aînée, la regrettée Natasha Richardson

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA SECRÉTAIRE DE STEVEN SHAINBERG ou encore LE MESSAGER .

Après cette première expérience, Harold Pinter et Joseph Losey se retrouveront pour Accident et Le Messager et travailleront ensemble  pendant 14 ans.

The Servant marque la première vraie reconnaissance de Richard Mac Donald, le conseiller visuel de Joseph Losey sur une quinzaine de ses films.

Celui qui servira de caisse de résonance à Harold Pinter dont les mots signifient souvent le contraire de leur sens présumé.

Celui qui assurera l’interim avec Dirk Bogarde durant les 10 jours d’absence de Joseph Losey, victime d’une pneumonie et qui envoyait ses directives de son lit d’hôpital.

The Servant  est aussi un tournant important dans la carrière de Dirk Bogarde qui retrouvera Joseh Losey pour Modesty Blaise et Accident.

Il lance le début de la carrière de James Fox qui deviendra tête d’affiche grâce à Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines. Et il révèle Sarah Miles qu’on reverra dans Blow Up et surtout La fille de Ryan.

Mais à l’époque James Fox et Sarah Miles vivent ensemble. Et pour leur scène de séduction, Joseph Losey veut faire porter à James Fox un kimono très court et les bottes en fourrure que Stanley Baker portait dans Eva.  La réaction de Sarah Miles sera tellement moqueuse qu’il faudra faire intervenir Robin Fox, père de James et agent de Joseph Losey et de Sarah Miles. Rien n’y fera. Humilié, James Fox tournera pieds nus.

Quant à la scène du restaurant rajoutée en catastrophe et en dépassement de budget, elle est interprétée par les proches du réalisateur dont Patrick Magee et Alun Owen acteur et scénariste des Criminels et Harold Pinter qui fera des heures sup puisque c’est aussi lui qui écrira les paroles de la chanson composée par John Dankworth et chantée par Cleo Laine.

Le montage initial est de 2h 20 mais Losey fera des coupes, notamment une séquence parmi les meilleures qu’il ait jamais réalisées dira-t-il sur la vie privée du serviteur avant son arrivée dans la maison.

Malgré ce sacrifice, le succès fera de Joseh Losey un cinéaste reconnu à l’échelle européenne et changera sa vie. 

Tony, est un beau, jeune, blond et riche jeune homme, aristo moderne et infiniment anglais, traine depuis un moment au bord de la crise de nerf. Il aime avec flegme une jeune femme de son milieu et se contente des rêves lointains et trop grands pour lui, il semble vaguement attaché ...

… parait, alors on est désemparé. Amusant comme le plus souvent nous aimons, détestons ou avons de l'indifférence pour les acteurs (et actrices) pour des raisons qui nous dépassent. On essaie en permanence de rationaliser tout ça avec une conviction qui nous rend désarmants ...

De Losey, je n’avais jusqu’alors vu que La Bête s’éveille qui était loin de me laisser un souvenir impérissable, et dans lequel on retrouve quelques éléments qui font de cet opus une version bien plus aboutie sur les relations de pouvoir, l’enfer pavé de bonnes intentions ...