GREEN ROOM

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Une formation de punk-rock en tournée aux USA se retrouve au fin fond de l'Oregon pour un ultime concert. Mais a l'issue de la représentation, par ailleurs catastrophique, la fille du groupe se heurte dans les coulisses à la présence d'un cadavre. Et il s'avère que le gérant du lieu n'est pas totalement étranger à la chose. Désireux alors de se débarrasser des témoins, l'individu va entamer en compagnie de ses amis skinheads, une véritable chasse à l'homme dont personne ne sortira indemne.

Jeremy Saulnier revient ici avec un nouveau film après son très réussi thriller Blue Ruin sorti en 2013, et va encore plus loin dans le suspense et le macabre avec des séquences, n'hésitons pas à le dire, pour le moins violentes mises au service d'une intrigue qui réunit tous les bons ingrédients dans le but de retenir le souffle du spectateur. Endroit paumé et nauséabond, faune inquiétante, personnages qui ne donnent pas dans la demi-mesure, à savoir méchants jusqu'à la moelle et héros peu rodés à ce type d'exercice qui vont devoir faire appel à leur instinct de survie le plus basique pour tenter de se tirer d'affaire.

Green Room puisque c'est son titre, compte dans sa distribution le regretté Anton Yelchin, décédé accidentellement à l'âge de 27 ans en juin 2016, Imogen Poots, vue entre autres dans Broadway Therapy de Peter Bogdanovitch et Knight of Cups de Terrence Malick, Patrick Stewart qui quitte ici le fauteuil roulant du Professeur Charles Xavier dans la série des X-Men, pour s'immiscer dans un environnement des plus glauques, et Alia Shawkat déjà partenaire d'Anton Yelchin dans Destins croisés de Zachary Sluser. Le film Green Room fut sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, en mai 2015.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (Dans ce film de Tobe Hooper, un groupe de personnes roule aussi en l'ignorant vers ce qui va s'avérer être un cauchemar.) ou encore DESTINS CROISES (Ce film de Zachary Sluser réunissait déjà devant la caméra les acteurs Anton Yelchin et Alia Shawkat.).

Vous l'aurez remarqué, le réalisateur Jeremy Saulnier utilise à l'extrême les teintes gris verdâtre pour accentuer l'ambiance hostile, macabre et glauque au plus haut niveau du lieu où se déroule l'action de Green Room. Et ce dès l'arrivée du groupe de musique sur place avant même que les événements ne se mettent vraiment en place.

Il y a chez Saulnier une capacité à installer un climat, déjà prouvée dans Blue Ruin et qui se confirme ici avec peut-être encore plus d'assurance, notamment grâce à un scénario dans lequel l'horrifique ne lâche prise à aucun moment. Il était important, dixit le cinéaste, que le spectateur perçoive d'emblée que le concert ne se déroulera pas comme prévu, loin de là. Et sur ce plan la réussite est totale, tout comme le malaise qui s'installe aussi bien parmi les protagonistes que les voyeurs que Jeremy Saulnier nous force à devenir.

Je vous parlais des teintes gris verdâtre qui dominent Green Room dans le but de souligner l'aspect nauséabond de l'environnement dans lequel vont se trouver piégés les Ain't Rights puisque tel est le nom de leur groupe de musique. Sauf que plus le film avance et plus la couleur rouge vient y ajouter son grain de sel, formant ainsi un magma sanguinolent qui envahit l'écran dégageant presque une odeur insupportable que n'aurait pas rechigné à diffuser dans la salle de cinéma un John Waters, grâce au procédé de l'Odorama.

Plus subtil est Jeremy Saulnier qui laisse à notre imaginaire le soin de parfumer son film à notre guise.
Il y a aussi un plaisir certain à découvrir Patrick Stewart dans ce rôle de véritable ordure, celui d'un chef skinhead, après l'avoir vu et revu admirable de droiture morale dans la peau du Professeur Charles Xavier dans la série des X-Men, ou encore drôle à souhait dans Canailles connection de Reshef Levi. Un grand bonhomme.

Avec son affiliation non dissimulée à Blue Ruin, précédent film de Jeremy Saulnier, Green Room suscitait autant d'attentes que l'idée d'un diptyque pouvait en refroidir certaines. Encore une fois, le jeune réalisateur, apprécié des festivaliers indépendants américains, ...

Et dire que je pensais avoir eu droit à mon lot de violence en visionnant Hostel le matin même... On avait beau m'avoir prévenu que cette édition de la Cinexpérience allait être particulièrement violente, il faut croire que la mise en garde, bien qu'oubliée, était méritée. ...

Comme pour son premier film, le nouvel essai de Jeremy Saulnier contient un code de couleur bien à lui. Mais que cela soit Green Room ou Blue Ruin, le rouge est prépondérant. C'est la couleur du sang qui gicle sous les bruits du larsen. De ce fait, rien ne nous sera épargné ...